Cela faisait plusieurs années que Couche-Tard cherchait à faire une acquisition en Europe pour attaquer le marché outre-Atlantique.
L’entreprise sur laquelle elle tente de mettre le grappin en Norvège, Statoil Fuel & Retail ASA, était sur son radar depuis longtemps, même avant qu’elle n’entre en bourse en 2010.
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L'offre de 2,8 milliards $ US annoncée tôt mercredi matin plait vraisemblablement aux investisseurs, puisque l’action à Toronto prend presque 11 % dès l’ouverture de la séance. À la fermeture, le titre s’échangeait à 39,60 $, un gain de 15,45%.
L’entente lui donnera surtout accès à 2 300 établissements en Scandinavie (Norvège, Danemark, Suède), dans les pays baltes et en Pologne, dont 68 % exploités par l’entreprise même.
Statoil F&R est déjà le leader en termes de parts de marché en Norvège, en Suède, au Danemark, en Lettonie et en Estonie. Elle se retrouve deuxième en Lituanie et cinquième en Pologne.
La Scandinavie représente 88 % des profits de Statoil F&R.
L'entreprise lavalloise se retrouvera ainsi avec un réseau de plus de 8 400 établissements en mettant pour la première fois le pied en Europe. Il lui faut toutefois l'accord de 90 % des actionnaires de Statoil F&R, ce qui risque de ne pas être un obstacle. La société-mère Statoil ASA a déjà accepté en déposant ses parts de 54 %, et la direction de Statoil F&R détient 23 % des actions.
C’est à la fois la qualité des actifs de Statoil et son équipe de gestion qui a attiré Couche-Tard vers cette transaction, a souligné Raymond Paré, vice-président et chef de la direction financière lors de la conférence téléphonique avec les analystes financiers depuis la Norvège.
« Nous avons trouvé l’équipe qui en fera une plateforme prospère » pour leur croissance sur ce continent, a-t-il affirmé. Ils entendent conserver la direction en place et exploiter Statoil F&R comme une unité d’affaires distincte, selon leur modèle décentralisé déjà utilisé en Amérique du Nord.
L’offre à 53 couronnes norvégiennes l’action (9,12 $) représente une prime de 52 % par rapport à la dernière clôture du titre de Statoil F&R et sept fois son bénéfice avant impôts, immobilisation et amortissements en 2011.
Avec cette potentielle acquisition, Couche-Tard veut maintenant générer de la croissance en Europe de l’Est et en Europe centrale à partir d’un marché beaucoup plus concentré qu’ici, a souligné M. Paré. Les risques quant à la concurrence y sont moins élevés puisqu’une consolidation y a déjà eu lieu il y a quelques années, ce qui rend les marges de profits plus stables et durables.
Même en conservant Statoil F&R comme une entité distincte, Couche-Tard pense aller chercher plusieurs synergies qui proviendront essentiellement des échanges de bonnes pratiques entre les deux entreprises.
M. Paré a notamment vanté la qualité des aliments frais en magasin de Statoil F&R, affirmant que c’était mieux que ce qu’ils ont vu du côté de Casey’s lors de leur tentative d’acquisition ratée de 2010.
Les ventes de Statoil F&R ont totalisé 12,8 milliards $ US en 2011, notamment la distribution de plus de 8 milliards de litres de carburant. Au moins la moitié des profits bruts proviennent de l’essence et près de 30 % des dépanneurs chez Statoil F&R en 2011, a précisé M. Paré.
Depuis les derniers mois, au moins 200 établissements ont été visités par la direction de Couche-Tard, a-t-il ajouté.