«Nous avons des contacts avec des employés de magasin Couche-Tard à travers le Québec, et je peux vous dire que plusieurs demandes d’accréditation seront déposées dans les prochains jours», a annoncé Jean Lortie, le président de la Fédération du commerce de la CSN, en entrevue avec LesAffaires.com.
M. Lortie n’a pas voulu dire le nombre de magasins en question. Il s’est contenté de répéter qu’il y en aurait «plusieurs». Pour que l’accréditation soit approuvée par la Commission des relations du travail (CRT), le syndicat doit obtenir l’appui de plus de 50% des salariés. Dans le cas des magasins qui seraient en cause, M. Lortie a laissé entendre que cet appui serait atteint.
Rappelons que la CSN mène une campagne de syndicalisation auprès des employés de la chaîne de dépanneurs. La demande d’une succursale de Jean-Talon Est (à l’angle de D’Iberville) a été approuvée par la CRT. La requête d’un autre établissement à Longueuil est actuellement analysée par la Commission.
Vidéo controversée
M. Lortie a également réagi à la nouvelle publiée jeudi sur le site LesAffaires.com. Dans une vidéo interne de sept minutes, Alain Bouchard, le pdg de l’entreprise, évoque la fermeture de magasins si les employés qui y travaillent s’y syndiquent.
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Plusieurs experts en relations industrielles et en droit du travail ont indiqué qu’un passage de la vidéo pourrait être sujet à un débat juridique devant la CRT. Ce passage pourrait être interprété par certains comme une menace de l’employeur, ce qui est interdit dans le Code du travail. Si les experts ne s’entendent pas sur le parti que pourrait prendre le tribunal, ceux-ci s’entendent pour dire que l’extrait toucherait une zone grise.
Le service de contentieux juridique de la CSN analyse actuellement le contenu de la vidéo rendue publique par LesAffaires.com. Le syndicat attend leur avis pour décider s’il formulera une plainte à la CRT.
Le débat se poursuit
Pendant que Couche-Tard et la CSN poursuivent leur bras de fer, le président du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, a alimenté le débat sur la syndicalisation dans le commerce de détail. S’il ne conteste pas le droit d’association des employés, M. Dorval estime que les faibles marges de profits dans ce secteur rendent difficile l’octroi d’une hausse salariale, ce qui pourrait décevoir de nouveaux syndiqués qui s’attendaient à ce que leurs salaires progressent davantage.
«Lorsqu’ils se demandent s’ils veulent adhérer à un syndicat, les employés doivent se demander quelle serait la valeur ajoutée d’une adhésion, analyse-t-il. Dans un secteur d’activité où la marge de manœuvre est très faible, ils doivent se demander si leurs conditions s’amélioreront, tout en gardant en tête qu’ils devront payer une cotisation syndicale.»
Pour l’exercice 2010 terminé en avril, Couche-Tard a réalisé un bénéfice d’exploitation de 422 millions et des revenus de 16 G$. Le bénéfice d’exploitation équivaut donc à 2,7% des revenus.
M. Lortie se dit conscient que les salaires ne sont pas nécessairement élevés dans le secteur du détail. Il indique que les revendications des employés concernent davantage les conditions de travail.
Dans la vidéo interne diffusée à ses employés, le pdg de l’entreprise, Alain Bouchard, vante, quant à lui, les conditions de ses employés. Il affirme que son entreprise offre de la flexibilité à ses employés et que les conditions sont avantageuses, selon les critères du secteur.
M. Lortie émet toutefois un autre son de cloche. «Nous nous opposons à la gestion arbitraire des ressources humaines, s’insurge M. Lortie. Tout dépend de l’humeur des gérants. On fait des promesses d’horaires qu’on ne tient pas.»
Couche-Tard a décliné les demandes d’entrevue de LesAffaires.com.