Combien coûte une franchise, et combien peut-elle rapporter ?
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Complexe question s'il en est une, et, malheureusement, il y a autant de réponses que de projets et d'enseignes.
«Des franchises, il y en a pour tous les prix, dit Stéphane Breault, consultant du secteur et président d'Imagine Franchise. On peut les classer dans quatre ou cinq catégories, en fonction de l'importance des projets.»
Les franchises aux prix les plus élevés nécessitent des investissements d'un million de dollars ou plus. On trouvera dans cette catégorie des noms comme St-Hubert, McDonald's, Forzani, IGA, Rona et des concessions automobiles.
Un peu en dessous, dans ce qu'on pourrait appeler le milieu supérieur, se trouvent des projets qui vont de 500 000 $ à 1 M$. C'est la catégorie des Burger King, A&W, Cora et du détaillant l'Aubainerie.
Ensuite, de 350 000 $ à 500 000 $, logent des cafés comme Tim Hortons, La Prep, et des détaillants comme Panda, alors qu'un peu plus bas, de 200 000 $ à 350 000 $, se trouve la plus petite restauration : Subway et des enseignes comme celles du groupe MTY (Valentine, Thaï, Tiki-Ming, etc.).
Dans la dernière catégorie, celle des franchises les moins chères, on trouvera surtout des enseignes qui offrent des services à domicile, du genre Qualinet ou Adèle.
Une mise de fonds qui varie de 30 % à 40 % du coût du projet
«Le noyau des projets d'investissement en franchise se situe généralement entre 500 000 $ et 2 M$», dit l'avocat Jean H. Gagnon, qui oeuvre depuis plusieurs années dans le domaine.
Évidemment, il n'est pas nécessaire d'avoir la totalité du montant dans ses poches pour obtenir une franchise. Les banques, et même les franchiseurs, dans plusieurs cas, sont en mesure d'avancer le financement.
«Dans les bonnes franchises, il faut généralement prévoir une mise de fonds équivalente de 30 à 35 % du coût total du projet», dit Stéphane Breault. Même son de cloche de M. Gagnon, qui mentionne de 35 à 40 % pour la mise de fonds, selon les secteurs et la valeur des immobilisations sur lesquelles peuvent s'appuyer les prêteurs.
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Vous n'avez pas encore suffisamment d'argent comptant pour verser les 30 à 40 % de mise de fonds ? Certains franchiseurs accepteront que vous hypothéquiez votre maison pour combler ce qui manque. Mais les experts ne conseillent pas d'agir ainsi.
«Il vaut mieux avoir un certain coussin financier, au cas où notre plan d'affaires décolle plus lentement que prévu. À l'époque où j'étais banquier, il y avait beaucoup de gens qui n'atteignaient pas les prévisions initiales», dit Pierre Garceau, président du Conseil québécois de la franchise (CQF).
D'autant que, contrairement à l'opinion répandue, être franchisé n'est pas une garantie de réussite. «Les gens ont tendance à penser que les franchises, ça marche assurément. C'est vrai qu'en achetant un concept déjà éprouvé, tu mets les chances de ton côté, mais, dans la vraie vie, ça ne marche pas toujours», dit Stéphane Breault.
Jean Gagnon cite en exemple Dunkin' Donuts, qui est l'une des pires déconfitures des dernières années. À l'époque, la chaîne comptait plus de 200 établissements au Québec. Tim Hortons est arrivée, toutes sortes de problèmes sont survenus aux États-Unis. «La presque totalité des établissements a disparu, et de 60 à 70 franchisés ont enregistré des faillites personnelles», dit-il.
L'avocat cite également l'enseigne Frits qui, dans les années 1980, avait tenté de copier McDonald's, mais en troquant le hamburger pour le hot-dog. Il allait pousser plus d'une centaine d'établissements Frits, mais en moins de deux ans, tout allait s'écrouler.
À quel rendement s'attendre
Cela dit, un investissement dans une franchise est généralement plus sûr qu'un investissement dans une entreprise où tout est à définir et à construire. Le risque d'erreur est diminué. Ce n'est pas pour rien que, dans la perception populaire, la formule est gagnante.
Gagnante, mais jusqu'à quel point ?
«Ça dépend des situations. Dans les plus petites franchises, ce sont souvent des gens qui s'achètent un emploi. Il n'y a pas beaucoup de plus-value à la revente. Dans les moyennes et les plus grandes franchises, le but est davantage de se bâtir une meilleure qualité de vie, d'être capable de revendre et d'accumuler un petit capital», explique Stéphane Breault.
Jean H. Gagnon estime qu'une fois qu'il s'est versé un salaire, un franchisé de la catégorie moyenne pourrait s'attendre à un rendement des bénéfices par rapport à l'investissement de 20 %. Il est question ici du rendement sur la mise de fonds. M. Garceau avance de son côté que, dans un plan d'affaires, le franchisé devrait normalement rechercher un rendement des bénéfices par rapport à la mise de fonds de 15 %.
«Ce n'est pas nécessairement le Klondike, parce que ce qui est lancé n'est pas complètement nouveau. La franchise diminue le niveau de risque, mais elle diminue évidemment le niveau de rendement», explique l'avocat.
Quand même pas mal si l'on tient compte du fait que le rendement historique des bénéfices sur le marché boursier varie de 10 à 12 %.
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Pour qui et comment?
Vous êtes animé du goût d'avoir votre propre entreprise, mais, du même coup, pris de vertige face aux multiples interrogations qui vous viennent à l'esprit ? Devenir franchisé pourrait être une avenue intéressante à examiner.
«Si vous achetez une franchise, une partie du risque de l'entrepreneur a déjà été éprouvé : vous achetez un savoir-faire en marketing, un concept, de la formation, etc.», dit Pierre Garceau, président du Conseil québécois de la franchise.
Contrairement à la croyance, il n'est pas nécessaire d'être entrepreneur dans l'âme pour devenir franchisé. Il faut un peu de cette graine, mais pas trop.
«Il faut faire attention aux mots "entrepreneur" et "franchisé", précise M. Garceau. Si vous obtenez une franchise St-Hubert, vous entrez dans un système. Le franchiseur n'a pas besoin d'un entrepreneur qui sera mal à l'aise dans un système, il a besoin d'un propriétaire qui va le suivre», explique-t-il.
L'ancien banquier raconte que, il y a plusieurs années, lorsque McDonald's est arrivé en France, un de ses amis, professeur d'université, a voulu devenir franchisé. «Au final, ils lui ont dit qu'il avait un profil super, des qualités extraordinaires, mais qu'il était trop entrepreneur. Que dans six mois, il voudrait rebaptiser le Big Mac. C'est pour ce motif qu'ils n'ont pas retenu sa candidature.»
Stéphane Breault, consultant du secteur et président d'Imagine Franchise, est d'accord. Avant de penser à devenir franchisé, il faut d'abord s'interroger soi-même. «Quelqu'un par nature très indépendant, créatif, va probablement trouver ça irritant. En revanche, si quelqu'un a toujours besoin de se faire dire quoi faire, je ne suis pas sûr que ça fonctionnera.»
Besoin d'expérience dans le domaine ? Oui, disent les experts, mais là encore, pas nécessairement de façon pointue. À l'époque où il travaillait au développement des bistros Van Houtte, M. Breault recherchait des gens avec de l'expérience dans le commerce de détail. Pas plus. Il souhaitait surtout trouver des gens passionnés. «C'est que les franchiseurs ont aussi des programmes pour enseigner le métier», explique-t-il.
«En fait, chez certains franchiseurs, des candidats ayant une expérience trop importante perdent des points parce qu'on redoute qu'ils soient plus difficiles à intégrer dans le système», affirme l'avocat Jean H. Gagnon.
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Les choses à faire
Vous avez le profil et le capital. Quelle est la première chose à faire ?
Unanimement, les experts interrogés répondent : construire un plan d'affaires.
Le franchiseur pourra vous fournir toutes sortes de chiffres et de ratios. Ultimement, il ne vous fournira cependant aucune garantie de réussite. C'est au franchisé de valider son marché. Le Conseil québécois de la franchise offre notamment des séminaires qui peuvent aider au montage du plan d'affaires. En parallèle à la construction du plan, il est aussi recommandé de tenter de cerner le sérieux et la force de la franchise qu'on a en vue.
«L'un des trucs pour repérer un mauvais franchiseur est de lui demander la liste de tous ses franchisés. S'il ne veut pas la divulguer, drapeau rouge. S'il ne le veut que pour quelques-uns, encore une fois, drapeau rouge», précise Pierre Garceau.
Là ne s'arrête pas la démarche. «Tu vas ensuite en voir quelques-uns et tu poses la question suivante : vous vous êtes mariés ; si c'était à recommencer, le referiez-vous ? Si le franchisé répond oui, tu demandes pourquoi ; s'il dit non, tu n'as pas besoin d'aller plus loin.»
Jean Gagnon est d'accord et souligne que le franchiseur devrait vous fournir une lettre qui autorise les franchisés que vous visiterez à vous divulguer les renseignements qui sont normalement confidentiels en vertu du contrat de franchise.
Stéphane Breault conseille de son côté de faire sortir le plumitif judiciaire, qui peut être révélateur du genre de relations qu'un franchiseur entretient avec ses franchisés.
Il recommande, lui aussi, d'aller rencontrer d'autres franchisés et de demander au franchiseur combien sont en affaires depuis trois ans. Histoire de voir si la valeur de la franchise n'est pas en train de s'éroder.
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Des franchises et des prix
Boston Pizza
Mise de fonds: 420 000 $ à 525 000 $
Coût moyen total du projet: 1,2 à 1,5 M$
Café Dépôt
Mise de fonds 100 000 $
Coût moyen total du projet 150 000 $ à 300 000 $
La Crémière
Mise de fonds 75 000$
Coût moyen total du projet 150 000 $ à 250 000 $
Mikes
Mise de fonds 150 000 $ à 300 000 $
Coût moyen total du projet 300 000 $ à 700 000$
McDonald's
Mise de fonds n.d.
Coût moyen total du projet Plus de 1 M$*
Midas
Mise de fonds 75 000 $ à 100 000 $
Coût moyen total du projet 340 000 $ à 420 000 $
Presse Café
Mise de fonds 87 500 $ à 225 000 $
Coût moyen total du projet 250 000 $ à 450 000 $
Scores
Mise de fonds 260 000 $ à 320 000 $
Coût moyen total du projet 650 000 $ à 800 000 $
Tim Hortons
Mise de fonds 200 000$
Coût moyen total du projet 480 000 $ à 510 000 $
Thaï Express
Mise de fonds n.d.
Coût moyen total du projet 200 000 $ à 500 000 $
Van Houtte
Mise de fonds 122 500 $ à 175 000 $
Coût moyen total du projet 350 000 $ à 500 000 $
Nombre de franchiseurs au Québec: 390
Nombre d'emplois en franchise: 187 881
Nombre de commerces franchisés: 8 371
PIB de la franchise par rapport au PIB du Québec: 8,22 %
Taux annuel de création de commerces: 12,82 %
Taux annuel de fermeture de commerces: 6,94 %
Poids des emplois en franchise par rapport aux emplois dans l'ensemble du Québec: 4,66 %
Sources : «Étude sur le poids relatif de la franchise dans l'économie québécoise», Conseil québécois de la franchise, 2014 ; Raymond Chabot Grant Thornton ; Indicia.
Il n'y a pas réellement de nouveaux restaurants McDonald's à acheter.
Les restaurants sont généralement offerts en lots de deux ou trois propriétés lorsque des propriétaires prennent leur retraite à un prix moyen de 3,2 M$.
Sources : Acquizition.biz; Magazine Québec Franchise; Lookingforafranchise.ca
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