Le groupe Option consommateurs vient d'écrire au Bureau de la concurrence pour exprimer son inquiétude face à la possibilité que le Tribunal de la concurrence permette aux commerçants de surfacturer les consommateurs qui paient à l'aide d'une carte de crédit.
Des commerçants ont récemment demandé au gouvernement du Canada d'intervenir pour encadrer les pratiques commerciales de Visa et MasterCard, disant avoir subi des hausses importantes de frais de transactions.
Face à ce phénomène, le Bureau de la concurrence du Canada propose notamment au Tribunal de permettre aux commerçants de facturer un montant plus élevé aux consommateurs pour leurs achats par carte de crédit. Actuellement, cela est interdit aux commerçants par Visa et MasterCard.
Une telle mesure "pénalisera grandement les consommateurs", affirme Option consommateurs dans un communiqué qui fait état de la lettre et du mémoire qu'elle a transmis au Bureau de la concurrence.
Jean-François Vinet, analyste des services financiers à Option consommateurs, croit que même si les commerçants étaient ainsi compensés pour les frais qui leur sont exigés, rien n'indique qu'ils en feraient bénéficier les consommateurs en bout de ligne.
De plus, il craint que certains commerçants en profitent pour exiger des consommateurs des frais plus élevés que ce que les émetteurs de cartes de crédit leur imposent à eux. Il cite le cas d'une compagnie d'aviation en Australie, où cette pratique a été permise, et qui impose des frais de 25 $ pour l'achat d'un billet d'avion par Internet.
En entrevue, M. Vinet, d'Option consommateurs, a déploré que "notre voix, la voix des consommateurs, n'a pas été prise en compte" dans ce débat, qui semble s'être limité à un litige entre les commerçants et les émetteurs de cartes de crédit. Option consommateurs et les autres groupes du genre, dit-il, n'avaient pas les moyens d'aller se faire entendre devant le Bureau de la concurrence.
Le problème de fond, estime M. Vinet, en est un de manque de concurrence entre les compagnies émettrices de cartes de crédit.
Et la solution, croit-il, serait plutôt de plafonner les frais exigés, bien que cela déplairait aux compagnies émettrices de cartes.
M. Vinet déplore le fait que les consommateurs n'aient guère le choix. S'ils utilisent leur carte de crédit, ils paieront des frais imposés par les commerçants, et s'ils utilisent leur carte de débit, ils paieront des frais à leur institution financière.
Et pour bien des achats de biens et services, maintenant, la possession d'une carte de crédit est devenue incontournable, comme pour louer une voiture, réserver une chambre d'hôtel, réserver un forfait de voyage ou faire des achats électroniques.