Rona peine à trouver un nouveau dirigeant. Le processus de recrutement pourrait prendre plus de temps que prévu, admet Robert Chevrier, le nouveau président du conseil d’administration, dans un entretien avec le Globe and Mail.
Rona devait nommer son nouveau dirigeant d’ici la fin février afin de remplacer Robert Dutton, poussé vers la sortie en novembre.L’intérim est assuré par Dominique Boies.
M. Chevrier s’est dit déçu des résultats de la recherche menée par la firme Korn/Ferry International. Deux « excellents » candidats ont été trouvés, mais ceux-ci ont refusé l’offre d’emploi.
Le candidat idéal selon M. Chevrier serait un francophone expérimenté dans le commerce de détail. Deux caractéristiques peu communes dans le club sélect des hauts dirigeants.
« Ça nous prendra un petit miracle [pour recruter le pdg avant février], a indiqué le président fraîchement nommé. C’est très important de trouver un candidat qui parle français. Si je n’y parviens pas, j’aurai tout un problème. »
En février, le journal Les Affaires évoquait déjà la possibilité que Rona soit dirigé par un anglophone. PLUS : Rona : l'enjeu de la langue
«Ça m'apparaît clair que le prochain président sera un anglophone. L'establishment de Toronto va vouloir ça. Dans le reste du Canada, c'est systématique, on se demande quand Rona sera vraiment une entreprise canadienne avec un président anglophone. J'entends ça 15 ou 20 fois par année», a affirmé à Les Affaires une source de l'industrie qui a requis l'anonymat.
Dutton voulait privatiser Rona
L’entrevue du quotidien torontois est publiée la même journée où Robert Dutton se vide le cœur dans les pages de La Presse. Le dirigeant déchu a raconté qu’il avait tenté de privatiser Rona pour mettre fin aux offres d’achat hostile, comme la tentative avortée de l’américaine Lowe’s. Il affirme s’être senti bien isolé en fin de parcours.
Selon les propos de M. Dutton, la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui contrôle 15% de l’entreprise, se serait opposée à cette solution. «Michael Sabia ne voulait pas entendre parler de privatisation. Il m'a dit que ce n'était pas la solution au problème de Rona, que notre problème était notre incapacité à livrer de la performance », a-t-il dit.
L’idée de privatiser Rona aurait recueilli l’appui d’Investissement Québec et du pdg de la Banque Nationale Louis Vachon, qui s’est désisté en cours de route. Desjardins et Fiera Capital ont aussi été approchés, mais on ne dit pas qu’elle a été la réception à cette proposition.