Questionné sur l'absence de liaison aérienne directe entre Montréal, l’Asie et l’Amérique latine, le président d'Air Canada, Calin Rovinescu, a refusé net de répondre aux questions de la presse ce midi lors de son passage à la tribune de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).
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Quelques instants après son discours d’une vingtaine de minutes, le président s’est rapidement levé de table pour quitter en vitesse par une porte arrière de la salle, aidé de gardes du corps qui n’ont pas hésité à bousculer la presse pour l’aider à se frayer un passage.
Les journalistes voulaient l'interroger notamment sur les raisons qui expliquent qu’au contraire de Toronto, Calgary et Vancouver, Montréal ne profite d’aucune liaison aérienne directe d’Air Canada avec l’Asie-Pacifique et l’Amérique latine.
La question est redevenue d’actualité après que Michel Archambault, fondateur la Chaire de Tourisme de l’UQAM, ait publié lundi, une critique en règle contre le transporteur qui ferait trop peu pour le développement économique de Montréal. En faisant de Toronto sa plaque tournante (hub), Montréal n'est plus traitée que comme une ville satellite qui l'empêchera de profiter de l'essor économique de pays comme la Chine, l'Inde et le Brésil, déplorait-il, dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir.
Il s'agit de la deuxième journée cette semaine qu’Air Canada refuse d’expliquer à la presse cette semaine ce qui fait que Montréal, par exemple, ne compte encore aucune liaison directe avec l’Asie alors que Toronto en compte 63 par semaine, et que Vancouver en compte plus de 80.
Le pdg de la CCMM, Michel Leblanc, a tenté de calmer le jeu en répondant pour Air Canada aux interrogations de la presse montréalaise.
«Il y a des moments où nous aimerions refaire l’histoire», a-t-il répondu, en faisant référence au recul relatif de la métropole par rapport à la croissance des autres grandes villes du pays depuis trente ans.
S’inspirant de la région de Calgary, laquelle s’est mobilisée pour encourager financièrement Air Canada à créer une liaison quotidienne avec Tokyo, M. Leblanc a dit espérer une telle mobilisation pour Montréal.
Actuellement, Air Canada ne dessert à partir de Montréal que cinq destinations internationales, soit Londres, Paris, Francfort, Bruxelles et Genève, en plus d’offrir des services saisonniers en direction de Rome et Athènes.
De son côté, James Cherry, le pdg d’Aéroports de Montréal (ADM), gestionnaire des aéroports de Dorval et Mirabel, a répété souhaiter que Montréal dispose au plus vite d’une liaison directe avec l’Asie. Des discussions à ce propos seraient en cours avec Air Canada, mais également avec des transporteurs asiatiques.
Dans le cadre de son discours, le patron d’Air Canada a souligé que le marché de l’aviation a changé au Canada depuis 25 ans et que la plupart des pays n’ont plus aujourd’hui qu’une seule plaque tournante principale.
«Cela ne veut pas dire que nous ne saisirons pas les occasions de croissance internationale pour Montréal si, sur le plan commercial, nous pouvons le faire de manière rentable. (…) Nous estimons que les deux nouveaux vols prioritaires pour Montréal sont ceux sur Beyrouth et Beijing.»
Pour une raison d'horaire, les dernières tentatives vers Beijing n’ont pas donné les résultats espérés. «Nous sommes cependant déterminés à réessayer, a ajouté M. Rovinescu, car les affaires dans le marché chinois s’inscrivent dans nos ambitions.»
Air Canada affirme engager 5000 personnes à Montréal, être responsable de 4G$ de dépenses annuelles directes et indirectes dans la province et assurer quelque 142 départ par jour en moyenne de l'aéroport Montréal-Trudeau, de Dorval.
L’action d’Air Canada a clôturé à 2,40$ à la Bourse de Toronto ce mardi, en baisse de 0,04$ ou de 1,64%. Depuis un an, l’action d’Air Canada a progressé de 1,42$, ou de 144,90%.