À lire aussi:
Pas de pénurie de main-d'oeuvre en aérospatiale
L'industrie canadienne s'inspire du Québec
Le Québec compte sur une flotte d'hélicoptères civils deux fois plus imposante que celle de l'Ontario. Ils servent à déplacer des travailleurs, à éteindre des feux et, de plus en plus, à émerveiller des touristes. Trois regards sur cette industrie en effervescence.
On dénombre 733 hélicoptères civils au Québec, soit un quart de tous les appareils du Canada. Ce nombre a presque doublé en 10 ans. Plus de 200 particuliers ont leur propre appareil. Cela ne facilite pas la tâche des entrepreneurs désireux de se lancer dans le transport de passagers, confie la présidente d'Hélibellule, Valérie Delorme. « Cela crée toutefois une grande demande de services liés à ces appareils », ajoute-t-elle.
L'entreprise qu'elle a fondée avec son conjoint en 2007 se veut donc hybride. Elle offre du transport, grâce à ses deux appareils affectés aux cadres supérieurs Bell 222 et à un R44, qu'elle partage avec une autre entreprise, Passport Hélico. L'immense majorité de son chiffre d'affaires, qui reste confidentiel, provient toutefois de ses services aéroportuaires.
Son centre de services aéronautiques (en anglais fixed-base operator ou FBO), installé à l'aéroport de Mirabel, dessert surtout des travailleurs de grandes sociétés comme Costco, Bombardier ou Pratt & Whitney. On peut y stationner l'appareil, faire le plein, se restaurer grâce à un service de traiteur, voire faire un lavage ! Comme pilote, MmeDelorme s'est fondée sur son expérience pour développer ces services. « Nous avons acheté un appareil au Mexique et, pendant le vol de retour, nous sommes arrêtés à plusieurs FBO aux États-Unis, raconte-t-elle. Ça a été une bonne base pour établir les besoins des pilotes et des passagers. »
L'hélicoptère au travail
Créée en 1989, Passport Hélico offre une école de pilotage qui a donné en 2013 des formations à 75 personnes. On y retrouve aussi bien des apprentis pilotes à la recherche d'une licence privée ou commerciale que des pilotes plus aguerris souhaitant devenir instructeurs, apprendre à voler de nuit ou simplement mettre à jour leurs connaissances.
Grâce à sa division Helicostore, l'entreprise achète et vend des appareils, principalement de marque Robinson. Elle a réalisé 23 transactions de la sorte l'an dernier. Elle offre aussi des services de location d'emplacements dans son hangar de 9 000 pieds carrés, de mécanique et d'entretien, ainsi que de taxi aérien. « L'hélicoptère est essentiel au travail aérien, puisqu'il permet d'aller partout, même là où il n'y a pas de route, notamment dans le Nord-du-Québec ou en montagne », indique le président Yves Le Roux. Il est très utile dans de nombreux secteurs industriels, notamment les mines, la foresterie, l'électricité, la construction ou le tourisme. Passport Hélico, qui compte sur une flotte de 17 appareils - principalement des Robinson et des Eurocopter -, fournit notamment ce service à Hydro-Québec et à la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU).
Contrairement à l'image galvaudée des gens d'affaires se rendant à un rendez-vous en hélicoptère, le service de taxi est en fait surtout l'apanage des touristes. « Faire Montréal-Québec en voiture prend moins de trois heures, par rapport à environ deux en hélicoptère, poursuit M. Le Roux. Mais, dans ce dernier cas, le déplacement vous coûtera 2 000$ ! »
Avec environ 25 entreprises (en excluant les sociétés soeurs opérant sous des noms différents), le secteur du transport par hélicoptère compte un peu trop d'acteurs présentement, juge-t-il. Conséquence : une partie des appareils reste au sol. Il est donc préférable d'avoir d'autres cordes à son arc. Passport Hélico fait environ 60 % de son chiffre d'affaires avec la formation de pilote privé, pour vol récréatif, et la balance avec ses services commerciaux, notamment la formation pour obtention de licence de pilotage commercial et le nolisement.
À lire aussi:
Pas de pénurie de main-d'oeuvre en aérospatiale
L'industrie canadienne s'inspire du Québec
La manne touristique
À Québec, Complexe Capitale Hélicoptère, une propriété du Groupe Huot, compte 22 appareils et 75 employés, le double si on ajoute les travailleurs d'Airmedic, qui appartient au même Groupe.
« Nous sommes le centre de services le plus diversifié et le plus multifonctionnel de l'Amérique du Nord », lance le pdg, Gabriel Savard.
Présente au Québec, en Colombie-Britannique et au Chili dans le nolisement d'hélicoptères à des fins commerciales, l'entreprise offre aussi des services de paddock haut de gamme aux passagers en escale, d'entretien d'hélicoptère et des cours de pilotage. Et voici qu'elle amorce une percée dans le secteur touristique.
Le 16 avril dernier, elle ouvrait les portes de son nouveau complexe, à Québec, avec pour mission de rendre l'univers de l'hélicoptère accessible à tous. On y retrouve l'espace Découverte, offrant des simulateurs de vol, des expositions et des activités interactifs. On y attend des touristes, mais aussi les élèves des écoles primaires et secondaires. On peut bien sûr y faire des tours d'hélicoptère. Le centre présente même une boutique spécialisée, dotée d'une collection exclusive de vêtements de style aéronautique, et bientôt un restaurant. Le hangar peut être réservé pour y tenir un événement, ce qui en fait la seconde salle capable d'accueillir 600 personnes à Québec, avec le Centre des congrès.
« Ce complexe, un investissement de 22 millions de dollars entièrement financé par des fonds privés, s'inscrit dans la volonté de faire de Québec une destination de tourisme internationale », précise Gabriel Savard. « De nos jours, les gens scrutent les destinations sur Internet, non seulement pour comparer l'offre d'hébergement, mais bien l'ensemble de l'expérience qu'offre une ville, poursuit-il. Notre complexe ajoute un élément original et intéressant à l'attrait touristique de Québec. »
10 300 - Nombre d’hélicoptères qui devraient être livrés par les constructeurs mondiaux d’ici 2022, pour une valeur totale estimée à 60,3 milliards de dollars.
Source : Teal Group
À lire aussi:
Pas de pénurie de main-d'oeuvre en aérospatiale
L'industrie canadienne s'inspire du Québec