Le président et chef de la direction de Transat AT, Jean-Marc Eustache, se montre catégorique. Il ne craint en rien la création éventuelle d’un transporteur à bas prix par Air Canada, pas plus qu’il dit profiter des difficultés que connaît actuellement sa concurrente.
«Non. Pas du tout. Des compagnies aériennes il en existe des tonnes et il y en aura toujours des tonnes au Canada, a-t-il déclaré ce midi. Ainsi, qu’Air Canada mette sur pied ou non un transporteur low cost, ça ne changerait rien à ma vie.»
Le président de Transat réagissait ainsi à un avis publié hier par un analyste de Valeurs mobilières Desjardins, selon lequel le voyagiste de Montréal pourrait profiter des difficultés que connaît le transporteur national à mettre à exécution son plan de création d’un nouveau transporteur à bas prix.
Jean-Marc Eustache a expliqué qu’Air Canada offrait déjà à son avis des « tarifs réduits sur ses avions réguliers» et qu’en conséquence, la création d’un nouveau transporteur low cost avait peu de chance d'amplifier le niveau de concurrence.
«Aujourd’hui, peu importe qui vous êtes, les transporteurs commencent avec des bas prix et montent les prix par la suite en fonction du remplissage. Cela est vrai pour les hôtels comme pour les avions. Donc, je vous dirais qu’au niveau des prix, ça ne chagera rien; et qu'au niveau de sa rentabilité (celle d’Air Canada), elle pourrait elle peut-être s’améliorer sur certaines routes. Mais ce n’est pas certain, je leur souhaite bonne chance.»
Des mises à pied à l'horizon
Questionné à la sortie d’une allocution prononcée devant les membres l’Association des MBA du Québec, le président de Transat s’est par ailleurs montré évasif lorsqu’appelé à préciser de quelle manière il entendait améliorer la santé financière de son entreprise.
Transat, comme on le sait, a encaissé une perte nette de 2,9M$, ou de 8 cents par action au dernier trimestre (le troisième), comparativement à un bénéfice de 20,9M$, ou 55 cents par action, un an plus tôt.
Il n’en fallait pas plus pour que le titre de Transat subisse une forte baisse (jusqu’à 14%) et que son président annonce le même jour (8 septembre 2011) des mises à pied, à commencer par celles de ses deux proches collaborateurs, Nelson Gentiletti, chef de l’exploitation de Transat AT et de Michael DiLollo, président de Transat Tours Canada.
D’autres mises à pied viendront, mais irritée la direction a refusé de les quantifier, invitant plutôt les journalistes à patienter jusqu’au 15 décembre prochain, date de la présentation des résultats du quatrième trimestre.
«Nos employés voient les résultats. Nos employés sont intelligents et ils s’attendent à ce que l’on fasse des choses. (…) Le problème actuellement chez Transat ne se trouve pas dans le personnel, mais dans la façon de faire les choses. Cela dit, il est fort possible qu’il y aura aussi un certain nombre de mises à pied.»
«Ce ne sera pas des mises à pied massive, mais plutôt des ajustements, a aussitôt ajouté M. Eustache, visiblement inquiet de la façon dont ses propos seraient rapportés. Transat est un créateur d’emploi, pas un destructeur d’emplois. Ce n’est pas ma philosophie. Je suis un développeur.»
Les temps changent
Cela dit, ce dernier a expliqué que l’entreprise publique était mûre pour une transformation de ses façons de faire. «C’est simple : le monde change et si on ne change pas, on ne résistera pas longtemps. C'est vrai pour toute les entreprises.»
Malgré ces nouvelles et les sombres perspectives qui s'abattent sur l'économie mondiale, M. Eustache a dit garder confiance en la capacité de résilience de son entreprise et de l'industrie dans laquelle elle évolue.
Dix jours après les énénements du 11 septembre 2001, a-t-il rappelé, Transat s'est départi de 25% de ses employés. «Et six mois plus tard, rappelez-vous, nous les avions tous réengagés.»
À la clôture de la Bourse de Toronto aujourd'hui, l'action de Transat se négociait à 6,48$, en hausse de 0,59$, ou de 10,2%. À son niveau le plus bas depuis un an, son titre s'échangeait à 5,56$.