En plus de ses travailleurs, tout indique qu’Air Canada devra aussi convaincre la communauté financière de la pertinence de s’investir dans la création d’un nouveau transporteur à bas coûts.
Au lendemain de son assemblée annuelle de la semaine dernière, au cours de laquelle son président, Calin Rovinescu, en a profité pour vanter ce projet, les analystes ont produit une série de rapports exprimant leur fort scepticisme à cet égard.
En plus d’être une stratégie de transporteurs traditionnels qui n’a pas fait ses preuves par le passé, l’analyste de UBS Investment Research, Tasneem Azim, considère que la mise sur pied d’un nouveau low cost par Air Canada risquerait, de détourner indûment l’attention de la direction.
«Nous sommes préoccupés, dit-elle, par le transfert de ressources dans cette aventure incertaine, alors qu’elles devraient plutôt se concentrer sur l’amélioration de la santé financière des activités principales (et traditionnelles) d’Air Canada.»
L’analyste de UBS rappelle les insuccès en la matière de plusieurs transporteurs américains et canadiens, dont Air Canada et que l’élément clé d’une telle aventure repose sur l’établissement d’une «structure de coûts durablement moins élevées que ses activités principales».
Choses qui, ajoute-t-elle, dépendent beaucoup entre autres de l’habilité d’Air Canada de mettre en place des règles de gestion plus souples, un tentative qui s’est déjà buté à la résistance des pilotes.
Faible rendement
De son côté, l’analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, doute qu’Air Canada puisse parvenir à bien concurrencer ses principaux rivaux sur les destinations soleil et plusieurs autres routes dites internationales.
Secundo, cette stratégie pourrait avoir des conséquence dommageables –au moins au départ- sur des destinations vacances qu’Air Canada dessert déjà. «Nous préférerions qu’Air Canada ne poursuive pas ce trafic d’agrément à faibles rendements et se concentre plutôt sur ses forces», écrit l’analyste dans une note aux investisseurs.
D’autant plus, fait-il aussi valoir, qu’un tel projet implique de nouvelles concessions de ses employés, actuellement en négociation pour le renouvellement de leur convention collective. Or, estime-t-il, tout moyen de pression des employés affecteraient rapidement la situation financière de l’entreprise.
Des cibles en baisse
Le 5 mai dernier, M. Doerksen a baissé de 25%, ou de 1,00$, la valeur du cours cible d’Air Canada. Ce dernier est passé de 4,00$ à 3,00$, pour un rendement annuel de 35%.
De son côté. M. Azim, de UBS, a établi son cours cible à 3, 00$, en baisse de 0,50$ ou 14,29%, par rapport à sa cible de 3,50$. Les deux analystes recommandent l’achat de l’action d’Air Canada.
Les analystes d’Air Canada, suivis par l’agence Bloomberg, établissent un cours cible moyen de 4,29$. Des douze analystes suivis, neuf recommandent l’achat du titre, alors que trois recommandent de le conserver.