Le Canada a rouvert mercredi la porte à la possibilité de choisir pour son armée de l'air des chasseurs autres que les appareils furtifs F-35 américains, en raison de l'accroissement marqué du coût de ces derniers.
Cependant, Ottawa n'a pas précisé quels autres appareils pourraient remplacer sa flotte vieillissante de chasseurs CF-18, ni quand il prendrait la décision finale.
Le projet de contrat avec Lockheed-Martin - le plus important achat militaire dans l'histoire du Canada - a été critiqué par l'opposition parlementaire tant pour son coût que pour son manque de transparence et le fait qu'il a été adopté par le gouvernement conservateur sans appel d'offres.
Parmi les avions similaires présents sur le marché figurent notamment le Super Hornet de Boeing, l'Eurofighter Typhoon développé par la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, et l'appareil français Rafale.
"La prochaine étape sera un réexamen complet de nos options", a dit simplement la ministre des Relations intergouvernementales Rona Ambrose.
Le ministre de la Défense Peter MacKay a répondu sur les coûts en répétant qu'il s'agissait en fait de ne pas confondre les coûts d'acquisition et ceux d'exploitation de l'appareil, et soulignant que les coûts d'exploitation, supportés actuellement pour les CF-18, dépendaient du budget de fonctionnement des forces armées.
Audit de KPMG
Il a réaffirmé que l'achat seul des 65 F-35 représenterait toujours 9 milliards de dollars, sans changement.
Mercredi, le gouvernement a précisé sa position à la lumière d'un audit mené par la société KPMG.
Cette étude, commandée à la suite de critiques faites en avril dernier par le Vérificateur général du Canada à propos du manque de données sur les coûts complets du cycle de vie de l'appareil, fait ressortir que cette commande coûterait au final, tout compris, quelque 46 milliards de dollars sur 42 ans, soit trois fois plus qu'initialement envisagé pour une période de 20 ans.
L'estimation de 46 milliards comprend 11 700 heures de vol par an - soit 20% de moins que le temps de vol des CF-18 - et comprend la formation des pilotes.
Maintenant le Canada se borne à dire, suivant en cela l'étude de KPMG, que la compétition est ouverte à tous les "avions de combat dont la production est en cours actuellement ou est programmée".
Les chasseurs CF-18 doivent en principe être retirés du service au début de la prochaine décennie.
Par ailleurs, le fait de s'ouvrir à d'autres propositions n'interdit pas au Canada de maintenir éventuellement sa préférence pour le F-35.
La décision à venir dépendra des besoins futurs de l'armée de l'air qui n'ont pas encore été définis, selon des responsables d'Ottawa.
Soixante-douze entreprises canadiennes sont impliquées dans le développement du F-35 auquel elles fournissent différents équipements, et ces contrats représentent pour elles au total 438 millions de dollars.
En dehors des Etats-Unis et du Canada, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le Danemark, l'Australie, la Turquie, l'Italie et la Norvège sont impliqués dans le développement de l'appareil furtif. Le Japon compte en acquérir 42 exemplaires.