Si l’industrie aérienne voit dans le discours du Trône une ouverture d’Ottawa à propos d’une aide financière, le secteur aérospatial québécois, sévèrement secoué par la pandémie de COVID-19 ayant fait disparaître plusieurs milliers d’emplois, estime qu’il a plutôt été laissé de côté.
La présidente-directrice générale d’Aéro Montréal, Suzanne Benoît, a affirmé, jeudi, au cours d’une entrevue, que le gouvernement Trudeau aurait pu être « plus précis » à l’égard des secteurs stratégiques qu’il comptait épauler. Livré mercredi, le discours ne faisait aucune référence spécifique à l’industrie aérospatiale.
Celle-ci a néanmoins salué la prolongation, jusqu’à l’été prochain, de la Subvention salariale d’urgence du Canada, ce qui est « excellent » à court terme. Mais en refusant d’imiter des pays comme les États-Unis et la France, qui ont octroyé des aides sectorielles, Ottawa risque d’engendrer un recul des investissements en ingénierie ainsi que dans la recherche et développement, ce qui plombera l’attractivité de l’industrie, craint Mme Benoît.
Depuis le début de la crise sanitaire, quelque 4000 emplois ont été supprimés au sein de la grappe aérospatiale québécoise alors que le couperet est notamment tombé chez des entreprises bien connues comme Bombardier, Airbus Canada, qui assemble les A220 à Mirabel, Pratt & Whitney Canada et Héroux-Devtek. D’autres licenciements risquent de survenir.
Selon les dernières données gouvernementales, l’industrie, concentrée dans la grande région de Montréal, comptait l’an dernier plus de 43 000 travailleurs et avait généré un chiffre d’affaires de 17,8 milliards $ — la moitié des recettes de l’industrie à l’échelle nationale.
Pour sa part, en soulignant la déclaration du gouvernement Trudeau d’introduire « d’autres mesures d’aide pour les industries les plus durement touchées », le Conseil national des lignes aériennes du Canada, qui représente Air Canada, Air Transat, Jazz Aviation et WestJet, a appelé à la mise en place rapide d’un plan d’aide.
Un coup de main aux compagnies aériennes viendrait également dynamiser l’écosystème aéronautique, a dit Mme Benoît.