Exporter est essentiel pour beaucoup d'entreprises québécoises. Vendre directement ses produits à un importateur situé en Allemagne, en Chine ou aux États-Unis n'est toutefois pas la seule option pour profiter de la croissance mondiale. Aux quatre coins du Québec, plusieurs PME y arrivent en intégrant la chaîne provisionnement de grands exportateurs établis dans la province. Et ces chaînes d'approvisionnement structurent notre économie.
Ainsi, quand Produits forestiers Résolu exporte son papier journal en Amérique latine, qu'Hydro-Québec distribue son électricité aux États-Unis, que Rio Tinto Alcan vend son aluminium en Europe ou qu'Olymel expédie son porc au Japon, ils s'appuient sur une légion de fournisseurs de systèmes, d'équipements, de composants et de services pour y arriver.
Cette collaboration entre grands exportateurs et fournisseurs permet à des PME de croître et de créer des emplois aux quatre coins du Québec. «À Baie-Comeau, la présence de Produits forestiers Résolu a un impact majeur sur les fournisseurs locaux et l'économie locale. Par contre, les fournisseurs ne doivent rien tenir pour acquis et toujours améliorer leur performance», dit Guy Simard, directeur du développement industriel au CLD Innovation et développement Manicouagan.
Et que dire de Bombardier Aéronautique, dont la chaîne d'approvisionnement pour assembler ses jets d'affaires est sans doute l'une des plus structurantes pour l'économie de la grande région de Montréal (et pour le Québec), avec trois grandes catégories de fournisseurs spécialisés (de premier, deuxième ou troisième rang, ou tier 1, tier 2 et tier 3, comme on dit dans l'industrie) et dont plusieurs sont eux-mêmes des exportateurs.
Les fournisseurs de premier rang (intégrateurs) sont des entreprises comme Pratt & Whitney Canada ou CAE qui fabriquent des sous-systèmes complets pour Bombardier, des structures au système de navigation, en passant par la propulsion. Les fournisseurs de deuxième rang sont des PME comme Sonaca Montréal, qui manufacturent des pièces (des panneaux d'ailes, par exemple) pour les fournisseurs de premier rang. Enfin, les fournisseurs de troisième rang, comme Celestica, procurent aux fournisseurs de deuxième rang des produits et des composants (pistons, cylindres, etc.).
Les intégrateurs sont d'ailleurs des fournisseurs stratégiques, car les fabricants d'équipement d'origine (FEO ou OEM en anglais) comme Bombardier leur confient de plus en plus de responsabilités, dont des activités de R-D, souligne Jacques Roy, spécialiste en transport à HEC Montréal. «C'est Pratt & Whitney qui développe et fournit le moteur de l'appareil CSeries de Bombardier.»
Louis Bouchard, analyste d'affaires principal, chaîne d'approvisionnement chez Bombardier Aéronautique, confirme que les intégrateurs sont incontournables pour aider les FEO à rester concurrentiels et à se démarquer sur les marchés étrangers. «Ils nous permettent par exemple de développer les meilleures technologies.»
Cela dit, les grands exportateurs ne laissent rien au hasard. Par exemple, la grappe de l'aérospatiale a lancé en 2010 l'initiative MACH. Ce programme, qui s'appuie sur une relation de mentorat (clients et fournisseurs), vise à stimuler l'innovation de la chaîne d'approvisionnement afin d'améliorer la performance et la compétitivité des fournisseurs.
De son côté, Hydro-Québec fait évaluer et rencontre une fois par année ses fournisseurs pour les aider à améliorer leurs performances. Olymel travaille aussi étroitement avec les éleveurs de porcs. De plus, ces derniers bénéficient du soutien du Centre de développement du porc du Québec pour améliorer la compétitivité et la différenciation du porc québécois sur les marchés étrangers.
Méthodologie
Nous avons choisi plusieurs grands exportateurs (Bombardier Aéronautique, Produits forestiers Résolu, Rio Tinto Alcan, Hydro-Québec et Olymel) en nous appuyant sur les données de l'Institut de la statistique du Québec. Ces grandes entreprises oeuvrent dans des secteurs névralgiques de l'économie québécoise (aéronautique, pâtes et papiers, production d'aluminium et extraction de minerai, énergie, agroalimentaire), dont les produits figurent parmi les 10 groupes les plus exportés du Québec. Nous avons choisi un de leurs fournisseurs pour illustrer leur chaîne logistique. Toutes nos statistiques proviennent des entreprises elles-mêmes.
1. Bombardier Aéronautique - Constructeur d'avions
Revenus totaux: 9,4 milliards de dollars
Principaux marchés d'exportation: Amérique du Nord, Europe, Asie-Pacifique
Emplois au Québec: 15 500
Valeur des exportations en 2013: 6,7 milliards de dollars (les résultats de Bombardier Aéronautique sont consolidés à ceux de Bombardier Transport)
Valeur de ses approvisionnements en biens et services au Québec en 2013: 1,4 milliard de dollars
Fournisseurs clés au Québec
Abipa, Abipa Canada, A.E. Petsche, Aerospace Welding, Air Ground Equipment, Alphacasting, Aviation Lemex, Avior, Integrated Products, C&D Zodiac, CAE, CMC Électronique, DCM Aéronautique, Delastek, Groupe Meloche, Héroux-Devtek, Hutchinson Canada, Industries Trident, Innotech Aviation, L-3 Communications, Liebherr Aerospace, Mesotec, MSB Design, PCC Aérostructures Dorval, Placeteco, Plastiques Flexibulb, Pratt & Whitney Canada, RTI Claro, Société d'outillage M.R., Sonaca montréal. Sonaca Belgique, Thales Avionics
Sonaca (Montréal)
Son défi comme fournisseur clé de Bombardier Aéronautique : respecter les échéanciers sans faillir
Même si Sonaca Montréal n'est pas un intégrateur (fournisseur de premier rang, ou tier 1) de Bombardier Aéronautique, la filiale canadienne de ce groupe belge joue un rôle stratégique dans sa chaîne d'approvisionnement. Son usine fabrique des panneaux d'ailes pour tous les appareils du géant québécois, à l'exception du CSeries. Comme Sonaca Montréal est son unique fournisseur de panneaux, la PME doit être très flexible et réagir vite en cas d'imprévus.
En temps normal, la cadence de production est assez prévisible dans la chaîne d'approvisionnement de Bombardier Aéronautique. Le grand défi pour Sonaca Montréal (un fournisseur de deuxième rang, ou tier 2) est de réagir rapidement pour respecter les échéanciers si un événement imprévu survient.
«Si on est en retard, on affecte la ligne de production de Bombardier», dit le pdg de Sonaca Montréal, Sylvain Bédard. Si Bombardier doit faire face à un pépin sur la ligne de production avec une aile ou un changement brusque de besoin, la PME doit être capable de travailler facilement sur la prochaine aile, et ce, sans ralentir la cadence de production du constructeur d'avions.
«Nous devons être compétitifs pour ce qui est des coûts, puis respecter autant nos échéanciers que la qualité de nos produits. Bref, il faut être sans reproche», souligne Sylvain Bédard. L'enjeu est de taille pour Sonaca Montréal : Bombardier est un client important qui représente 50 % de son chiffre d'affaires de plus de 60 millions de dollars.
Sonaca Montréal vend 25 % de ses produits directement à Bombardier, car l'avionneur s'occupe encore lui-même de certains assemblages et sous-assemblages. Malgré tout, cela ne la fait pas appartenir au premier rang (tier 1), car la PME n'est pas un intégrateur. Sonaca Belgique, qui a fabriqué les bords d'attaque du CSeries, est un intégrateur de Bombardier.
Sonana Montréal vend un autre quart de ses panneaux d'ailes à certains intégrateurs, qui font des sous-ensembles complets entrant dans la construction des appareils de Bombardier.
Dans les plus récents projets de Bombardier, comme le Global 7000 et le Global 8000, c'est un intégrateur (fournisseur de premier rang) qui fabrique les ailes, en l'occurrence Triumph Aerostructures - Vought Aircraft Division, de Dallas, au Texas. Sonaca Montréal vend donc directement ses panneaux à cette entreprise américaine.
L'autre moitié du chiffre d'affaires de la PME montréalaise de 326 employés provient de contrats d'approvisionnement avec d'autres constructeurs de jet d'affaires, tels que la brésilienne Embraer ou l'américaine Gulfstream. Comme dans le cas de Bombardier, Sonaca Mont-réal leur vend directement ses panneaux d'ailes ou les fournit à des intégrateurs.
Sonaca Montréal est devenue un fournisseur de Bombardier Aéronautique en acquérant NMF Canada, qui était déjà un fournisseur de l'avionneur québécois. La filiale canadienne du groupe belge a repris en 2003 les actifs de NMF, qui s'était alors placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité.
2. Hydro-Québec - Producteur d'électricité
Valeur des exportations nettes en 2012: 1,2 milliard de dollars
Principal marché d'exportation: États-Unis
Emplois au Québec: 19 400 dont 12 900 emplois directs
Valeur de ses approvisionnements en biens et services au Québec: 2,8 milliards de dollars (soit 94 % des approvisionnements totaux de la société d'État)
Fournisseurs clés au Québec
ABB, Alstom Énergie & Transport Canada, Alstom Grid Canada, Canmec Industriel, COH, Groupe Lar, HMI Construction, Schneider Electric Canada, Siemens Canada, Voith Hydro
Groupe Lar (Métabetchouan-Lac-à-la-Croix - Lac-Saint-Jean)
Son défi comme fournisseur clé d'Hydro-Québec : accroître la qualité de ses produits tout en diminuant ses prix
L'an dernier, les exportations nettes d'électricité d'Hydro-Québec se sont élevées à 1,2 milliard de dollars. Et une partie de cette énergie vendue aux États-Unis a été produite grâce à des produits du groupe LAR qui entrent dans la composition des centrales hydroélectriques.
Depuis les années 1980, cette entreprise du Lac-Saint-Jean vend directement ses équipements à Hydro-Québec, telles des vannes de barrage pour évacuer les crues. LAR vend aussi directement des composants à deux turbiniers, l'allemande Voith et la française Alstom, qui font partie des 10 fournisseurs stratégiques d'HQ.
LAR figure aussi dans ce club sélect. Mais appartenir à ce top 10 a un prix. Si cette relation d'affaires avec la société d'État procure des avantages (lucratifs contrats, crédibilité ouvrant des portes à l'extérieur du Québec, etc.), elle comporte aussi beaucoup d'exigences, sans parler d'une forte pression de performance.
«Hydro-Québec est un client très exigeant en ce qui concerne la qualité de service, d'ingénierie et de produits. Et c'est une entreprise qui sait ce qu'elle veut et qui fait respecter ses contrats, croyez-moi !» confie le vice-président à la direction de LAR, Marc Gravel. On ne lésine pas avec l'électricité : sa production et sa distribution nécessitent une grande précision et des équipements de haute qualité.
Comme beaucoup d'entreprises, HQ exige de ses fournisseurs qu'ils aient une certification ISO. Dans le cas de LAR, c'est la norme IS0 9001 (la mise en place d'un système de gestion de la qualité).
Hydro-Québec fait évaluer les pratiques de LAR par une tierce partie et lui attribue une cote. «Une fois par année, nous avons aussi une rencontre avec Hydro-Québec pour discuter de nos points forts et de ceux à améliorer», dit Marc Gravel.
Par ailleurs, comme LAR n'a pas d'entente stratégique avec Hydro-Québec, l'entreprise doit, contrat après contrat, convaincre qu'elle est un fournisseur incontournable. «Je dois donc être performant et être le meilleur pour ce qui est des prix», dit l'entrepreneur, en précisant que le fait de fabriquer des produits spécialisés procure un avantage concurrentiel à son entreprise.
Hydro-Québec est un client majeur de LAR. Ses contrats peuvent représenter jusqu'à 75 % de son chiffre d'affaires. Manitoba Hydro et BC Hydro figurent aussi parmi les clients de LAR, qui emploie de 300 à 400 personnes selon la nature du contrat. Elle a déjà aussi réalisé un projet pour Électricité de France.
LAR a deux usines. La première, située à Matagami (dans le Nord-du-Québec), sert à approvisionner Hydro-Québec pour ses centrales de la Baie-James. La seconde est à Havre-Saint-Pierre (sur la Côte-Nord) ; elle a été spécialement construite pour approvisionner le complexe de la Romaine appartenant à la société d'État.
3. Rio Tinto - Producteur d'aluminium (Rio Tinto Alcan) et de minerai (Rio Tinto Fer et Titane et IoC)
Valeur de ses approvisionnements en biens et services au Québec: 1 milliard de dollars
Valeur des exportations de RTA en 2013 à partir du Canada: 3,2 milliards de dollars
Principaux marchés d'exportation: États-Unis (80 %), Europe et Japon
Emplois au Québec: près de 7 000
Fournisseurs clés au Québec
Rio Tinto Alcan, Rio Tinto Fer et Titane ainsi que IoC ont quelque 4 000 fournisseurs, dont 2 700 possèdent une adresse dans la province. L'entreprise refuse toutefois de les nommer.
Rematech (Québec)
Son défi comme fournisseur de Rio Tinto Alcan : aider RTA à accroître sa productivité
Comme plusieurs multinationales, Rio Tinto Alcan (RTA) confie de plus en plus de responsabilités à ses fournisseurs pour produire et exporter son aluminium à partir du Québec. Assumer ces responsabilités est le principal défi de Rematech, qui vend notamment des composants de convoyeurs et des revêtements en caoutchouc à la division aluminium de la minière anglo-australienne.
«Il faut constamment adapter notre offre aux besoins de Rio Tinto Alcan pour donner les services auxquels ils s'attendent de nous, en ce qui concerne le rapport qualité-prix, par exemple», dit Michel Mathieu, directeur du marketing chez Rematech, une entreprise de Québec qui compte huit succursales dans la province, dont deux au Saguenay-Lac-Saint-Jean, chef-lieu de Rio Tinto Alcan.
Dans ce contexte, la PME de 150 employés doit non seulement se remettre constamment en question pour demeurer utile, mais elle doit aussi collaborer et interagir régulièrement avec RTA pour l'aider à innover et à accroître sa productivité. Une stratégie qui permet au producteur d'aluminium d'être plus concurrentiel sur les marchés d'exportation.
«C'est comme cela qu'on se démarque comme fournisseur, explique Michel Mathieu. Nous pouvons ainsi aider Rio Tinto Alcan à faire des économies et à améliorer ses systèmes. Pas seulement en leur vendant nos produits, mais en proposant des solutions à leurs problèmes de production.»
Pour un fournisseur, se voir ainsi confier plus de responsabilités dans une chaîne d'approvisionnement comme celle de Rio Tinto Alcan comporte des avantages, dont des contrats réguliers. En contrepartie, cette relation d'affaires fait en sorte que Rematech n'a pas vraiment le droit à l'erreur.
«On ne peut pas se permettre de ne pas répondre à la demande de Rio Tinto. Si on n'y répond pas, d'autres fournisseurs le feront à notre place, dit Michel Mathieu. Cela dit, on a de bonnes ressources à l'interne, et s'il faut tasser les meubles pour répondre à la demande, eh bien, on va le faire.»
4. Produits forestiers Résolu - Producteur de pâtes et papiers, de bois d'oeuvre et d'énergie
Valeur de ses approvisionnements en biens et services au Québec: 1,4 milliard de dollars
Revenus totaux en 2013: 4,4 milliards de dollars
Principaux marchés d'exportation: États-Unis, Amérique latine et Asie
Emplois au Québec: 4 800 directs et 14 400 indirects
Valeur des exportations en 2013: 3 milliards de dollars (y compris celles des usines aux États-Unis et en Corée du Sud)
Fournisseurs clés au Québec
Olin, Weavexx
Équipements industriels BDL (Baie-Comeau)
Son défi comme fournisseur de PFR : avoir le personnel nécessaire pour répondre à la demande
Équipements industriels BDL est une PME d'une quinzaine d'employés. Même si cette entreprise n'est pas un fournisseur clé, elle joue néanmoins un rôle important dans la chaîne d'approvisionnement de Produits forestiers Résolu (PFR), à Baie-Comeau.
Ses chariots élévateurs permettent aux employés de la papetière de déplacer de gros rouleaux de papier journal et d'autres marchandises à l'intérieur de l'usine de Résolu, située à deux pas du centre-ville de Baie-Comeau. L'usine produit 463 000 tonnes de papier journal par année et emploie 319 personnes. C'est donc un acteur économique majeur sur la Côte-Nord, qui exporte sa production essentiellement aux États-Unis, en Amérique latine et en Asie.
Établie dans le parc industriel de Baie-Comeau, BDL profite donc des exportations de PFR. Car, plus la demande de papier journal est forte à l'étranger, plus Résolu doit recourir aux équipements de BDL afin de manutentionner les produits qu'elle expédie à ses clients aux quatre coins du monde.
Toutefois, être un fournisseur d'un grand exportateur comme Résolu n'est pas de tout repos, confie le président de BLD, Michel Lavoie. «Notre plus grand défi est de maintenir la qualité de notre service et de s'assurer d'avoir le bon personnel pour répondre à la demande de Produits forestiers Résolu», dit-il.
De plus, pour veiller à fournir les bons équipements à son client, BDL reste en contact régulier avec l'usine de Résolu afin d'obtenir une rétroaction. «On s'adapte toujours pour répondre à leurs besoins», dit Michel Lavoie.
Résolu représente 5 % du chiffre d'affaires de la PME. «C'est un bon client», insiste le président de BDL. Alcoa, Aluminerie Alouette et Hydro-Québec figurent parmi les autres clients de la PME sur la Côte-Nord.
5. Olymel - Transformateur de viandes de volaille et de porc
Revenus totaux en 2013: 2,5 milliards de dollars
Valeur des exportations de porcs seulement en 2013: 550 millions de dollars
Principaux marchés d'exportation: États-Unis, Japon, Russie
Emplois au Québec: 7 500
Valeur des approvisionnements en biens et services au Québec destinés aux exportations: près de 500 millions de dollars, dont 400 millions destinés à l'achat de porcs vivants.
Fournisseurs clés au Québec
Les producteurs de porcs du Québec Norampac Kruger Gaz Métro
Ferme la Ronchonnerie (Centre-du-Québec)
Son défi comme fournisseur d'Olymel : amener à maturité un porc plus lourd
David Boissonneault n'est pas seulement le président de l'organisation Les Éleveurs de porcs du Québec. Il est aussi le propriétaire de la Ferme la Ronchonnerie, dans le Centre-du-Québec, qui approvisionne en porcs les abattoirs d'Olymel de Princeville et de Vallée-Jonction. Il contribue donc aux exportations du transformateur, notamment en Russie.
La transformation porcine au Québec est régie par une convention de mise en marché entre Olymel et les producteurs (car il ne peut y avoir de pertes puisqu'il s'agit de produits vivants). Ce qui fait en sorte que les abattoirs d'Olymel sont obligés d'acheter les porcs de David Boissonneault. Donc si ce dernier veut accroître sa production, Olymel doit pouvoir augmenter ses exportations, et ce, en étant notamment plus compétitif. Et pour l'y aider, la Ferme la Ronchonnerie accroît constamment sa productivité.
Cela signifie notamment d'amener à maturité un porc en le faisant engraisser davantage. «En 2001, les carcasses pesaient 90 kilogrammes. Aujourd'hui, c'est 100 kg», explique David Boissonneault. Pour y arriver, le producteur mise notamment sur une meilleure génétique et une meilleure alimentation, sans parler d'un «bon confort» pour les bêtes, ce qui favorise la prise de poids.
Donc, quand de nouveaux marchés d'exportation s'ouvrent à Olymel, la Ferme la Ronchonnerie en profite également. Car, plus le transformateur vend à l'étranger, plus des producteurs comme David Boissonnenault sont incités à accroître leur production, et pas seulement leur productivité.
C'est ce que son entreprise a fait en 2006. La Ferme la Ronchonnerie a investi «plusieurs millions de dollars» pour se doter d'un second site de production, ce qui lui a permis de doubler sa production de porcs. Ensemble, ses deux sites de Saint-Louis-de-Blandford et de Lyster produisent chaque année un total de 16 000 bêtes.