Une équipe d’une vingtaine d’employés d’Air France, spécialisés dans l’entretien et la maintenance d’avions de ligne, a travaillé plusieurs semaines chez Aveos depuis sa fermeture surprise de mars, a appris LesAffaires.com.
Ces employés français ont été dépêchés au pays au cours des dernières semaines d’avril, à la demande d’Air Canada, dès qu’elle a eu l’autorisation de récupérer ses appareils coincés dans les hangars de l’arrondissement Saint-Laurent, à Montréal. Ces employés auraient depuis quitté le Québec.
«Nous craignions que ça arrive et c'est exactement ce qui se produit. Ces employés d’Air France sont venus accomplir le travail que nous faisions avant qu’Aveos fasse appel à la protection de loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies», s’insurge Jean Poirier, président général du district 140 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA).
Rappelons que cette fermeture, actuellement contestée devant les tribunaux, a entraîné la mise à pied immédiate de 2 600 travailleurs canadiens en mars, dont 1 800 étaient basés à Montréal. Ces employés étaient pour la majorité d’anciens ouvriers de la division des Services techniques d’Air Canada, dont les activités ont été vendues à Aveos en 2007, dans le cadre de la dernière restructuration financière d’Air Canada.
Air France et Air Canada confirment
Fabrice Defrance, directeur commercial d’Air France Industries-KLM Ingénierie et Maintenance, confirme qu’une équipe d’Air France «est intervenue courant avril à la demande d’Air Canada». L’un des mandats confiés aux employés d’Air France, a-t-il ajouté par courriel, consistait «à remonter les trains d’atterrissage d’un de ses avions Airbus A330».
La direction d'Air Canada a également confirmé, en milieu d'après-midi, avoir dû recourir aux service d'Air France au cours des dernières semaines. Soucieux de maintenir le services aux passagers, mais ne disposant pas des «capacités requises selon Transports Canada pour le travail de révision générale exigé sur cet appareil», Air Canada affirme n'avoir eu d'autres choix que de recourir aux services d'un fournisseur.
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Le choix d'Air France comme fournisseura été «fait selon des critères de disponibilité, compétences, qualifications et approbation par le gouvernement, le tout conformément aux normes de sécurité, de qualité et de fiabilité des programmes de maintenance d'Air Canada», nous a répondu dans un courriel, Isabelle Arthur, porte-parole d'Air Canada.
Trois semaines à Montréal
Il a été impossible de connaître le nombre exact de ces travailleurs. Le syndicat d’Aveos évoque une trentaine d’employés. Chez Air France, on parle pluôt «d’une quinzaines de mécaniciens».
La tâche a été suffisamment importante pour qu’ils demeurent au Québec entre deux et trois semaines, soutiennent les travailleurs d’Aveos.
«Pendant tout ce temps, ces employés français ont couché à l’hôtel, se sont vus verser du temps supplémentaire et autres primes de subsistances, calcule le porte-parole syndical, Jean Poirier. Imaginez ce que ça a coûté à Air Canada.»
«Dans ce cas-ci, déplore M. Poirier, il est certain qu’on ne peut se vanter de grande solidarité syndicale.» Notre demande d’interview logée à la direction du syndicat des travailleurs d’Air France, Syndicat national des mécaniciens au sol de l'aviation civile (SNMSAC), est demeurée sans réponse.
60 avions à l'étranger
Plus tôt aujourd'hui, en réponse à nos questions, la porte-parole d’Air Canada, a tenu à préciser qu’entre la date de fermeture d’Aveos et la haute saison estivale en juin, 50 appareils seront confiés aux sociétés québécoises Avianor et Premier Aviation et qu’une soixantaine d’autres prendront, si nécessaire, la route d’entreprises étrangères.
Parmi ces entreprises, elle cite Premier, Aeroframe et TIMCO aux États-Unis, ST Aerospace à Singapour, Lufthansa Technik en Irlande et HAECO à Hong Kong.
Le titre d'Air Canada a connu peu de mouvements aujourd'hui, à la Bourse de Toronto. Il a clôturé à 0,83$, après une glissade de 0,01$.
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