L’action de Bombardier recule de 5% à la Bourse de Toronto jeudi, après que l’avionneur montréalais eut confirmé ce matin un quatrième report de livraison de sa nouvelle gamme d’avions CSeries.
D’abord attendue pour l’automne 2012, l’entrée en service de l’avion CS100 est maintenant attendue pour la seconde moitié de 2015, tandis que l'entrée en service du CS300 est prévue pour «environ six mois» plus tard.
En entrevue avec LesAffaires, le porte-parole de Bombardier, Marc Duchesne, a soutenu que le programme d'avions CSeries fait de «solides progrès» et que les résultats de performance enregistrée correspondent «aux attentes». La phase des essais en vol, entamée le 16 septembre 2013 à Mirabel, exigera toutefois plus de temps qu'il n'avait été prévu au départ.
«Nous prenons le temps nécessaire pour assurer une entrée en service impeccable. Nous sommes très heureux qu'aucun changement de conception majeur ne se soit avéré nécessaire, ce qui nous rend confiants en notre capacité d'atteindre nos objectifs de performance», a pour sa part déclaré par voie de communiqué, Mike Arcamone, président, Bombardier Avions commerciaux.
Peu avant midi, à la Bourse de Toronto, l’action de Bombardier se négociait à 4,27$, en baisse de 0,25$ ou de 5,53% par rapport au cours de fermeture de la veille. Depuis un an, le titre de l’avionneur a légèrement progressé, gagnant 0,50$ ou 12,44%.
Pas d'augmentation de coûts
Malgré ce nouveau retard - un quatrième en 18 mois -, Bombardier refuse toujours de reconnaître une augmentation de coûts du développement de son appareil ou d’admettre quelque difficulté de financement ou de liquidité que ce soit. Le porte-parole continue de marteler le chiffre de 3,4 milliards (G$ US), et ce en dépit du fait qu’un membre de la haute direction eut ouvertement évoqué en septembre le chiffre de 3,9G$US.
Bombardier ne blâme aucun de ses sous-traitants ou partenaires pour ce dernier retard et soutient les aider à faire face à la situation le plus possible. À La Presse canadienne, la présidente-directrice générale d'Aéro Montréal, Suzanne Benoît, a estimé que l'impact sur les fournisseurs de Bombardier serait minime.
Par ailleurs, Marc Duchesne a déclaré que ce nouveau n’entraînera aucune mise à pied, mais fort probablement un ralentissement de la cadence d’embauche de nouveaux employés. Actuellement, le programme CSeries occupe un total de 2 000 travailleurs. Au plus fort de sa production, Bombardier évalue ses besoins à quelque 3 500 travailleurs.
Nouvelle commande
Bombardier a fait cette annonce peu de temps après le dévoilement d’une importante commande de Saudi Gulf Airlines, un nouveau transporteur créé dans la foulée de la déréglementation du marché de l’aviation du Royaume d’Arabie Saoudite. Le transporteur a commandé 16 appareils CS300 pour une valeur de 1,21G$ US. Il a aussi pris 10 options, qui une fois exercées, porteraient la valeur du contrat à 1,99G$ US.
À ce jour, Bombardier fait état de 198 commandes fermes CSeries de quelque 17 clients différents. L'avionneur espère toujours obtenir 300 commandes fermes d'une vingtaine de clients d'ici les premières livraisons de ses premiers CS100, maintenant prévues pour 2015.
Le premier client à prendre livraison de ces appareils sera le transporteur Malmö Aviation a confirmé ce jeudi qu'il serait le premier client à prendre livraison de ses appareils. L'entreprise suédoise a passé une commande de cinq CS100 et cinq CS300, assortie d'option sur dix appareils supplémentaires.
La société allemande Lufthansa a été la première à passer une commande de CSeries à Bombardier. Cela se passait à l'été 2008, à l'occasion du Salon aéronautique de Farnborough. La commande comportait 30 CS100, assortie de 30 options supplémentaires. Aucune date de livraison n'a encore été dévoilée.
Des «centaines de millions»
En choeur, les analystes financiers jugent négative cette nouvelle, bien que largement attendue des observateurs de l'industrie. Plusieurs d'entre eux s'attendent à ce que ces retards entraînent nécessairement une augmentation des coûts de développement de l'appareil.
Dans une note aux investisseurs, Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, évalue ces coûts de développement additionnels à «plusieurs centaines de millions de dollars US» et s'inquiète de la possibilité que Bombardier puisse faire face en plus à des pénalités liées à ces retards.
Depuis le vol inaugural du 16 septembre dernier, note pour sa part Scott Rattee de Stonecap Securities, Bombardier n'a encore complété avec avec le CS100 qu'une cinquantaine des 2 400 heures de vol d'essai requises pour l'obtention des certifications.