Bombardier Aéronautique déploie des trésors d'imagination pour faire en sorte que sa nouvelle gamme d'avions CSeries de 110 à 149 places soit prête à temps.
L'une des meilleures idées que l'avionneur montréalais a trouvée pour accélérer le long processus de développement de l'appareil tant attendu est inusitée: la construction d'une maquette pleine grandeur... en bois!
La curieuse structure a été bâtie de toutes pièces par une quarantaine d'employés habituellement affectés à la production des jets régionaux CRJ, à Mirabel. Il est difficile de ne pas être impressionné par cette représentation d'un appareil moderne faite du matériau ayant servi à la fabrication des tout premiers avions.
L'avion de bois permet de simuler les différentes étapes de l'assemblage des avions CSeries afin de valider ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans la chaîne de production. Bombardier prévoit réduire de moitié le nombre d'erreurs d'apprentissage grâce à cette structure. Avec l'expérience, l'entreprise a réalisé que la modélisation par ordinateur ne permettait pas de tout prévoir.
La CSeries est le projet le plus ambitieux jamais lancé par Bombardier (TSX:BBD.B). Pour convaincre les journalistes et analystes financiers que l'échéancier du programme est respecté jusqu'ici, la multinationale québécoise a ouvert les portes de ses installations de Mirabel, mardi.
Quelques heures avant la visite, le président de Bombardier Avions commerciaux, Mike Arcamone, a assuré que le premier vol d'un appareil CSeries aurait lieu d'ici la fin de l'année et que l'entrée en service du CS100, le modèle de 110 places, était toujours prévue pour la fin de 2013
"Nous sommes toujours sur la bonne voie", a-t-il martelé, prudent.
La fermeté de M. Arcamone quant à l'échéancier est quelque peu étonnante dans la mesure où le grand patron de Bombardier, Pierre Beaudoin, reconnaît depuis plusieurs mois déjà qu'un retard de trois à six mois est envisageable.
Quoi qu'il en soit, l'entreprise fait tout en son pouvoir pour faire mentir les oiseaux de malheur qui prédisent que la CSeries sera en retard de plus d'un an, comme l'ont été les plus récents programmes de Boeing et d'Airbus.
À Mirabel, dans un édifice construit spécialement à cet effet, Bombardier est à compléter l'"avion 0" de la CSeries, qui servira à tester l'intégration des différents systèmes de l'appareil. Grâce à une entente conclue avec Transports Canada, plusieurs des essais réalisés sur cette structure n'auront pas à être répétés en vol.
Bombardier estime que cette façon de faire, déjà utilisée en bonne partie par Boeing et Airbus, lui permettra de réduire de façon importante les coûts et la durée des essais nécessaires à la certification de la CSeries par Ottawa.
Prévisions
L'avionneur a par ailleurs dévoilé mardi la plus récente mise à jour de ses prévisions de marché, qui affichent un léger recul en raison du ralentissement économique et d'une augmentation marquée dans les projections des cours du pétrole.
Bombardier Aéronautique prévoit que 12 800 avions commerciaux de 20 à 149 places seront livrés de 2012 à 2031. C'est 300 appareils de moins, ou 2,3 pour cent, que ce que Bombardier anticipait il y a un an. La valeur de ces livraisons est évaluée à plus de 630 milliards $ US.
Dans le segment clé des avions de 100 à 149 places, dans lequel se situe sa nouvelle gamme CSeries, Bombardier entrevoit la livraison de 6900 appareils au cours des 20 prochaines années, soit 100 de moins que l'an dernier. Le constructeur s'attend à accaparer la moitié de ce marché.
Selon Bombardier, c'est l'Amérique du Nord qui recevra le plus d'avions au cours de la période, suivie par la Chine et par l'Europe.
Pour ce qui est des avions d'affaires, les prévisions de Bombardier sont stables par rapport à l'année dernière. L'entreprise table sur la livraison de 24 000 appareils de 2012 à 2031 pour des revenus potentiels totaux de 648 milliards $ US.
L'Amérique du Nord et l'Europe devraient continuer de dominer le marché de l'aviation d'affaires avec plus de 55 pour cent des livraisons, d'après les prévisions.
Bombardier Aéronautique a également indiqué mardi son intention d'installer des dépôts de pièces en Russie, en Afrique du Sud et en Inde et d'agrandir celui situé dans la région Asie-Pacifique. L'entreprise prévoit une hausse de la demande d'avions dans ces régions et veut être prête à y répondre.
L'action de Bombardier a clôturé à 4,05 $ mardi, un cours inchangé par rapport à celui de la veille, à la Bourse de Toronto.