Bombardier minimise l’impact de son annonce d’aujourd’hui de reporter de nouveau la date du vol inaugural de sa nouvelle famille d’avions CSeries.
Depuis ce matin, les équipes de Bombardier tentent de calmer le jeu en apaisant les inquiétudes des investisseurs, analystes financiers, clients et journalistes financiers du monde entier.
«Tout le monde est à pied d’œuvre, mais il n’y a pas de panique en la demeure», a confié à LesAffaires.com, Marc Duchesne, porte-parole de Bombardier aéronautique, dans les minutes suivant la diffusion du communiqué de Bombardier sur les fils de presse.
Quelques minutes avant l’ouverture des marchés nord-américains, Bombardier annonçait que le premier exemplaire de modèle CSeries ne saurait décoller comme promis avant la fin juin. S’inclinant devant le retard accumulé, l’avionneur montréalais a reporté le vol inaugural de sa nouvelle famille d’avions de 110 sièges et plus «d’ici la fin juillet 2013».
Il n’en fallait pas plus pour que l’action de Bombardier trébuche de près de 20 cents à la Bourse de Toronto, s’établissant à 4,50$ peu avant midi, un recul de 3,64% par rapport à la fermeture de la veille.
« On a besoin de quelques semaines supplémentaires afin de finaliser l’avion pour le premier vol. Si on met cela en contexte, quelques semaines de différences sur un programme de 20 ans, ce n’est pas grand chose. Les investisseurs comprennent bien que cet avion est promis à un très bel avenir», a fait valoir le porte-parole de Bombardier.
Ce dernier explique que la décision de l'entreprise a été prise mardi, au terme d'une rencontre avec l'équipe de développement du CSeries. Les prochaines semaines lui permettront de compléter les étapes de démarrage des moteurs, de déplacement de l'appareil à basse et haute vitesseb et de mise à jour de certains logiciels.
De leur côté, les analystes financiers perçoivent négativement ce deuxième report de premier vol de Bombardier en quelques mois. L’analyste Benoît Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, estime que les compagnies aériennes clientes ont adopté une approche dite du «show me», laquelle retarde actuellement l’accumulation de commandes par Bombardier.
L'avionneur canadien, rappelons-le, n'a ramené aucune nouvelle commande la semaine dernière du Salon international de l'aéronautique et de l'espace Paris-Le Bourget. Son carnet de commandes du futur rival des Airbus A320 et Boeing B737 demeure bloqué à 177 appareils, ou 388 lorsque sont prise en compte les commandes en option.
Qu'à cela ne tienne, Bombardier demeure confiante d’atteindre un carnet de 300 commandes fermes dans les prochains 12 mois. Dans le passé, le rythme des nouvelles commandes s'accélère dans les semaines suivant la réalisation d’un premier vol.
Le même phénomène pourrait se produire, estime l’analyste de Desjardins, tout en précisant que la direction de Bombardier a déjà indiqué ne pas s’attendre à une ruée de commandes après le premier vol. Bombardier s’attend plutôt à de nouvelles commandes échelonnées tout au cours de l’année, à un rythme de 25 à 40 appareils par transaction.
Maintien des recommandations d'achat
Rappelons que Bombardier avait initialement prévu faire décoller le CSeries avant la fin de 2012. Cet échéancier a été repoussé de six mois, jusqu'à la fin juin 2013, avant que l'entreprise soit contrainte d'établir aujourd'hui un nouveau délai à la fin juillet 2013.
Malgré ce nouveau retard, l'analyste David Tyerman, de Canaccord Genuity, affirme que Bombardier demeure l'un des meilleurs titres sur le marché avec une recommandation d'achat, en période de repli, avec une cible à 5,75$ l'acfion.
M. Poirier s’attend aussi à ce que l’action réagisse négativement au nouveau délai annoncé, sans pour autant risquer de véritablement surprendre le marché, bien au fait à son avis des difficultés rencontrées par l'équipe de développement du CSeries, notamment au niveau de l'implantation de logiciels de commande. Il maintient sa recommandation d'achat, avec un cours cible inchangé à 6$.
Depuis le début de 2013, l'action de Bombardier a progressé de 0,91$, ou de 24,20% à la Bourse de Toronto. Peu avant 14h00 ce mercredi, son titre s'établissait à 4,56$, en baisse de 0,11$, ou de 2,36%.
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