Qu'est-ce qui a pu pousser les investisseurs professionnels de la Caisse à liquider les actions, sinon qu'ils n'avaient pas le choix ?
Pierre Goyette, ex-président de la Banque Laurentienne et critique féroce de la gestion de la Caisse sous Henri-Paul Rousseau, veut savoir. Il a été sous-ministre des Finances à Québec, de 1972 à 1977. À ce titre, il a siégé au conseil de la Caisse. " Non seulement j'aimerais savoir ce qui s'est passé, mais la Caisse a l'obligation d'expliquer pourquoi elle a dû vendre des dizaines de milliards de dollars d'actions. Quelles actions a-t-elle vendues ? Sur quels marchés ? " dit-il.
Ces ventes massives d'actions ont contribué à la perte de 23 milliards de dollars sur la vente de placements que la Caisse a inscrite pour 2008.
" C'est une perte importante qui a été réalisée, convient Michel Magnan, professeur de comptabilité à l'Université Concordia. La Caisse avance une brève explication dans son rapport annuel. Est-ce suffisant ? Il reste qu'en matière d'explications de ses résultats, la Caisse de dépôt se compare à ce que fait la Banque Nationale, qui est assujettie aux règles des autorités boursières ", précise-t-il.
M. Magnan souligne par ailleurs que les agences de notation ont maintenu la cote de crédit de l'institution pendant la tourmente. La Caisse a répété n'avoir jamais manqué de liquidités.
Sous le tandem Rousseau- Richard Guay, la Caisse a beaucoup investi dans le papier commercial et les placements non liquides. Ceux-ci comptaient pour 38 % de son portefeuille à la fin de 2008.
La Caisse a utilisé une partie de ses obligations en nantissement d'emprunts qu'elle a contractés et elle en a prêté d'autres à des tiers, les rendant inaccessibles au moment où elle en aurait eu besoin, selon M. Goyette, qui rédige un article sur la " crise d'octobre " qui a secoué la Caisse. Cette stratégie est-elle responsable de la vente, au pire moment qui soit, du seul produit liquide qui lui restait, les actions ?