Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, est pressé de retourner en Chine le plus tôt possible afin d’aider l’industrie aérospatiale canadienne à établir de fructueux partenariats avec ce pays.
Ce souhait a été formulé aujourd’hui par Guy Hachey, président et chef de l’exploitation de Bombardier Aéronautique, à l’occasion du premier Sommet canadien de l’aérospatiale, actuellement en cours à Ottawa.
«Nous espérons que le premier ministre canadien aille visiter la Chine dans les prochains mois afin de supporter le développement de partenariat avec la Chine», a déclaré M. Hachey, devant un parterre de quelque 500 patrons d’entreprises de cette industrie.
Cette dernière regroupe quelque 80 000 travailleurs – principalement au Québec- et engrange annuellement des ventes de 22 milliards (G$). Plus de 80% de sa production est vendue à l’extérieure de nos frontières, ce qui en fait la principale industrie exportatrice du pays.
La Chine, a-t-il précisé, doit commander pas moins de 2 260 aéronefs de 20 à 149 sièges au cours des 20 prochaines années. Ce seul pays sera responsable de 18% de l’ensemble des commandes d’avions dans le monde durant cette période.
Ne serait-ce que pour l’importance de ce marché, le gouvernement canadien ne peut risquer de négliger ses relations avec ce pays. Cela est vrai pour Bombardier, au même titre que toute autre entreprise de cette industrie au pays, a-t-il précisé, citant au passage les noms de nombreux chefs d’État qui se sont rendus en Chine depuis un an.
Du nombre, ce dernier a mentionné les noms du président français Nicolas Sarkozy, de la chancelière Angela Merkel d’Allemagne, et du président américain Barack Obama. «Tous ont visité ce pays au cours de la dernière année. Le premier ministre du Canada doit aussi s’y rendre. Cela est excessivement important.»
Réparer le passé
La dernière visite chinoise du premier ministre du Canada remonte à décembre 2009. Une visite, rappelons-le, qui a vite tourné au vinaigre après que Stephen Harper ait averti ses dirigeants qu’ils ne devaient pas s’attendre à ce que le Canada passe sous silence la question des droits de la personne pour favoriser l’élargissement de liens économiques entre les deux pays.
Il n'en fallait guère plus pour que les relations diplomatiques, voire commerciales, entre les deux pays, s'en voient pour le moins refroidi. Une nouvelle visite, croient d'aucuns, pourraient permettre de faire oublier la dernière visite officielle du gouvernement canadien et en quelque sorte à recoller ce qui reste des pots cassés.
«La Chine est un client. La Chine est un partenaire. Et la Chine se consacre avec sérieux au développement de son industrie aérospatiale» a insisté M. Hachey. Comme d'autre pays, la Chine s'assure que chaque acquisition d'appareils permette le développement de relations d'affaires avec son industrie locale».
C’est pourquoi, a-t-il expliqué, que Bombardier a choisi de collaborer avec COMAC, cette société d’État fondée en 2008. Cette dernière produira entre autres le C919, un avion de 163 sièges, spécifiquement conçu pour faire concurrence au B737 de Boeing et à l’A320 d’Airbus. Le lancement de cet appareil est prévu pour 2016.
La famille d’avions CSeries de Bombardier n’entrera pas en concurrence contre cet appareil. Mais son fuselage sera fabriqué en
Chine. Et il n'est pas exclu que d’autres appareils plus petits, commercialisés par Bombardier pourraient souffrir éventuellement de la concurrence chinoise.
«Ce genre d’entente de partenariat avec les industriels chinois n'est pas devenus essentiels qu'à Bombardier, mais également pour toute l’industrie canadienne dans son ensemble», a-t-il dit.
«La performance de l’industrie canadienne des prochaines décennies dépendra de la capacité de ses entreprises à multiplier ces partenariats d'affaires.»