Le syndicat des employés de Bombardier s’est dit à la fois «triste» et «inquiet» à la suite de l’annonce de l’avionneur montréalais de procéder à des mises à pied, ce matin.
«Dans le contexte économique actuel, tout le monde a besoin de son travail. Nous sommes très tristes pour les employés et leurs familles (…) et pour tous les jeunes qui espèrent travailler dans le domaine», a déclaré Claude Boisvert, président de district de l’Association international des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA).
Dans une note de service à ses 38 500 employés, Bombardier Aéronautique a annoncé ce matin devoir réduire son personnel de 1 700 travailleurs, dont 1 100 au pays, principalement au Québec.
C’est l’équivalent chez Bombardier de 5% de ses 22 000 employés canadiens et d’un peu plus de 10% de ses 5 700 travailleurs aux États-Unis. Aucune coupure n'est prévue chez ses 2 400 employés de Queretaro, au Mexique, et parmi ses 6 850 travailleurs de Belfast, en Irlande du Nord.
Le représentant des machinistes de Bombardier Aéronautique ajoute que cette annonce a de quoi inquiéter même si pour le moment, l’entreprise a donné peu de détails sur les installations et les départements qui seront affectés.
«Nous voulons prendre le temps de rencontrer chaque travailleurs touchés individuellement avant de l’annoncer au grand public», a fait valoir Haley Dunne, porte-parole de Bombardier. Pour l’heure, l'entreprise se limite à dire que les coupures affecteront les départements d’ingénierie, de fabrication et assemblage, et des ventes et services après-vente.
Des coupures permanentes
L'avionneur québécois justifie sa décision en évoquant l'importance de réduire ses dépenses, notamment dans la foulée des récents retards dans ses programmes de la famille CSeries et du Learjet 85, de la baisse des nouvelles commandes de plusieurs gammes d’appareils, notamment celles de ses avions régionaux CRJ.
«C’est sûr que c’est le genre de nouvelle qui inquiète, affirme Claude Boisvert. Bombardier a besoin de sauver de l’argent. Ce n’est pas agréable. On n’aime pas cela voir partir nos gens au chômage. Mais j’ai bon espoir qu’après un jeu de chaise à l’intérieur, plusieurs de nos collègues pourront être rappelés au travail.»
Sur ce, par contre, Bombardier ne fait pas de promesse, refusant d’affirmer que les coupures annoncées seront «temporaires». «Il est vrai que quelques centaines de postes disponibles pourront être comblés par des employés qui seront licenciés. Mais les 1 700 coupures que l’on annonce aujourd’hui sont permanentes. On ne parle pas de coupures temporaires», a précisé Mme Dunne.
Série noire
La semaine dernière, Bombardier a annoncé que les premières livraisons de ses nouveaux CSeries, prévues à l'automne 2014, n'auraient pas lieu avant la deuxième moitié de l'année 2015. C’était le quatrième report d’échéancier depuis 18 mois. La direction de l’entreprise avait alors indiqué que cette décision n’entraînerait ni suppression d’emploi, ni difficultés financières.
Depuis, l'agence de notation américaine Fitch a abaissé sa cote de crédit, la faisant passer de BB à BB-, soutenant comme l'agence Moody's que les coûts de développement de la famille CSeries connaîtraient des dépassements importants. Actuellement, ses coûts sont évalués entre 3,4 et 3,9G$US.
Puis lundi, Bombardier annonçait une légère croissance de ses livraison en 2013 (238 livraisons), mais une baisse de 19% de son carnet de commandes par rapport à 2012. Au cours de l'exercice 2013, 305 avions d'affaires, 81 appareils commerciaux et deux avions amphibies ont été commandés à Bombardier, comparativement à 343 avions d'affaires et 138 appareils commerciaux en 2012.
À la clôture de la Bourse de Toronto mardi, l'action de Bombardier ne valait plus que 3,95$, une chute de 0,16$ ou de 3,89%. Son titre a reculé de 14,5% depuis un mois, et de 25% au cours des derniers trois mois.