Bombardier a confirmé jeudi avoir accru de 8% la capacité de sa nouvelle gamme d’avions CSeries, une décision qui place l’avionneur québécois, plus que jamais, en concurrence directe avec Airbus et Boeing.
Devant un parterre de 200 personnes, réunies dans ses installations de Mirabel, l’entreprise a annoncé être parvenue à faire grimper de 149 à 160 le nombre maximum de sièges que pourra contenir son prochain avion CS300.
Cette annonce a été faite à l’occasion d’une mise à jour officielle de son programme CSeries, organisée à l’attention de la presse et des analystes financiers. Bombardier en a profité pour procéder au dévoilement officiel de deux de ses quatre premiers appareils assemblés. Ceux-ci doivent servir aux vols d’essai, sensés débuter d’ici la fin juin de 2013.
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Les avions de gamme CSeries, le CS100 et le CS300, devaient à l’origine offrir des configurations de 100 à 149 places. Dans sa nouvelle version, allongée de deux pieds, le CS300 pourra accueillir jusqu'à 160 passagers, une option susceptible de procurer à la fois «plus de revenus, de souplesse et de productivité» aux compagnies aériennes, a fait valoir Robert Dewar, vice-président et directeur général du programme CSeries.
L’ajout de sièges supplémentaires imposera à l’avionneur l'ajout d'une seconde paire de portes d'évacuation sur les ailes, ce qui devrait accroître le prix de vente de ses appareils. Présentement, le prix de vente initial varie selon l’appareil CSeries, de 62 à 71M$US.
Est-ce que cet ajout de sièges vise à rendre cet avion plus attrayant pour les compagnies aériennes ? Mike Arcamore, président de Bombardier avions commerciaux s’en défend, précisant que Bombardier entend continuer de viser principalement avec le Cseries le segment de marché des avions de 100 à 149 places.
«L'avion CSeries est un appareil révolutionnaire qui évolue dans une conjoncture économique mouvante, a-t-il répondu. Compte tenu du vif intérêt des clients et des tendances du marché, nous avons simplement choisi d’accroître la productivité de l'avion CS300 en offrant une version avec de sièges supplémentaire.»
Une attaque au duopole?
N’empêche, les ventes du Cseries sont encore loin de l’objectif de 300 que Bombardier avait espéré d’ici la fin de l’année. Le 1er janvier, Bombardier montrait un carnet de 382 avions de ligne CSeries, dont 148 seulement étaient des commandes fermes.
À titre de comparaison, l’A320 Neo d’Airbus compte 1 500 commandes fermes, et le 737 Max de Boeing en compte plus d’un millier de après deux ans. Et la concurrence risque encore de s'intensifier, croient d'aucuns, maintenant que Bombardier a osé - par l'accroissement de la capacité de ses CSeries- se mesurer de front aux aéronefs de Boeing et Airbus.
Qu’à cela ne tienne, Bombardier dit maintenir le cap et ne pas vraiment craindre une recrudescence de la concurrence des deux géants européen et américain de l’aéronautique. Elle dit aussi n'avoir aucun projet de développement d'un avion de 180 sièges.
«Nous demeurons très concentrés sur notre travail et nos avions sont excellents, ce qui fait de nous de sérieux compétiteurs. Nous sommes sérieux et nous allons gagner» a déclaré M. Arcamore. Ce dernier se dit par ailleurs confiant d'atteindre ses objectifs de vente dans les délais prévus.
Le premier vol du CSeries doit débuter d’ici la fin de juin 2013 et son entrée en service –celle du CS100- est prévue pour juin 2014. L’entrée en service du CS300 est prévue elle pour la fin de 2014.
Réaction des marchés
L’action de Bombardier a clôturé à 4,03$ ce jeudi à la Bourse de Toronto, en légère baisse de 0,03$, ou de 0,74%.
À New York, l’action de Boeing a progressé de 1,97$US, ou de 2,49%, pour clôturer à 81,05$US.
À la Bourse de Paris, l’action de EADS, société mère d’Airbus, a progressé de 1,41%, ou de 0,56 euros, pour clôturer à 39,99 euros.
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