Sans tambour ni trompette, Bombardier a célébré en grand, le mois dernier, son cinquième anniversaire d’activités au Mexique.
La cérémonie s’est déroulée à Querétaro, le 2 mai, en présence de dignitaires et des 1 600 employés de son usine mexicaine. Une cérémonie d’envergure donc qui sera passée complètement inaperçue dans la presse financière nord-américaine.
Et pour cause. Un communiqué de presse, daté du 6 mai dernier (4 jours après l’événement), a été ajouté sur le site web de l’entreprise canadienne. Mais contrairement à son habitude, Bombardier n'a pas diffusé ce même communiqué sur les fils de presse (MarketWire, CanadaNewsWire CNW, etc.) auxquels sont abonnés les différentes entreprises de presse du Canada et des États-Unis.
Résultat : malgré l’importance de l’événement, bien peu de gens auront remarqué la croissance fulgurante que Bombardier connaît au Mexique. D’une équipe modeste de quelque 160 employés il y a cinq ans, l’usine de Querétaro a multiplié depuis par dix l’importance de son effectif mexicain.
Discrétion inhabituelle
Questionnée sur les raisons qui motivent cette discrétion , la porte-parole de Bombardier Aéronautique, Haley Dunne, jure qu’elle n’était en rien stratégique et qu’elle ne pourrait, de ce fait, faire partie d’une quelconque stratégie de communication visant à faire oublier sa présence grandissante en territoire mexicain.
« Cette discrétion n’était pas intentionnelle. Au contraire, a-t-elle dit, nous sommes très fiers de ce que nous accomplissons au Mexique depuis cinq ans. »
Après vérification, Bombardier a expliqué que le dossier avait été géré par le département des relations publiques de l’entreprise au Mexique. Ce dernier se serait occupé de diffuser la nouvelle aux journalistes du Mexique, mais ne l'aurait pas la diffusée sur les fils de presse de l’extérieur du pays, jugeant cette information d’intérêt trop local.
«En tant qu’entreprise publique, nous sommes tenus de diffuser les informations susceptibles de faire varier le titre de la compagnie en Bourse, explique Mme Dunne. Mais ce genre d’événements échappe aux règles de divulgation auxquelles sont soumises les entreprises publiques».
Plus que des harnais
Il y a cinq ans, le travail des quelque 160 employés de Bombardier au Mexique devait se limiter à l’assemblage des harnais électriques contenus dans les aéronefs.
Une tâche que de nombreux manufacturiers de l’industrie aéronautique n’hésitent pas à délocaliser dans des pays à moindres coûts. C’est le cas de Bombardier, bien sûr, mais également d’Airbus.
Aujourd’hui, par contre, les installations de Bombardier, à Querétaro au Mexique, n’ont plus rien à voir avec le centre d’installation de harnais électriques qu’on annonçait il y a cinq ans.
À la fine pointe de la technologie, le complexe industriel de Bombardier est responsable en outre, de la fabrication du fuselage arrière des avions Global, de la section de fuselage intermédiaire de l’avion Challenger 850 et du «lot de travail» des commandes de vol de l’avion Q400 NextGen.
Bombardier y fabrique également les principales structures en matériaux composites, dont le fuselage et la voilure, du biréacteur Learjet 85, le premier business jet de Bombardier fait principalement de matériaux composites.
D’autres usines au Mexique
Pendant la cérémonie du 2 mai dernier visant à commémorer ses cinq ans de présence mexicaine, Réal Gervais, vice-président, Centre manufacturier de Bombardier au Mexique, a tenu à saluer les premiers 160 employés qui avaient joint l’équipe de Bombardier au tout début de ses activités au Mexique.
« Je me rappelle quand, il y a à peine cinq ans, nous n’étions qu’une poignée d’enthousiastes à commencer à travailler au développement de notre industrie au Mexique », a ajouté M. Gervais. « Aujourd’hui, tout en célébrant nos réalisations des cinq dernières années, nous sommes impatients de saisir les importantes occasions que l’avenir nous réserve. »
À l’occasion de son assemblée annuelle de mercredi, le 1er juin dernier, la direction de Bombardier Aéronautique a confirmé qu’elle examinait actuellement la possibilité d’ouvrir de nouvelles usines au Mexique et dans d’autres pays à bas coûts, comme le Maroc et l’Europe de l’Est.
«Nous avons eu du succès à Querétaro, au Mexique, mais nous aurons de plus grands besoins en raison de notre croissance», a déclaré le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey. Nous regardons actuellement du côté du Mexique, ailleurs qu’à Querétaro», en plus d’envisager, a-t-il ajouté, d’autres possibilités en Europe et en Afrique du Nord.
Combien suivront?
En plus de Bombardier, d’autres entreprises aérospatiales du Québec ont annoncé ces derniers temps vouloir ouvrir des installations au Mexique. C’est le cas de Bell Helicopter-Textron, de Mirabel, qui y transférera des activités, de même qu’Héroux-Devtek, de Longueuil, qui s’apprête à s’implanter aussi à Querétaro, à quelques jets de pierre des installations de Bombardier.
On s’attend à ce qu’à l’instar d’Héroux-Devtek, d’autres entreprises partenaires de Bombardier, annoncent prochainement le même geste.