La dernière commande d’American Airlines (AMR), une commande record de 460 appareils que se partageront les Airbus et Boeing, vient encore confirmer le pouvoir grandissant des motoristes sur les avionneurs.
Cette thèse, défendue par l’analyste spécialisé, Richard Aboulafia, de Teal Group, en Pennsylvanie, veut que l’amélioration de la performance des appareils d’aujourd’hui dépend d’abord des motoristes. C’est l’une des choses les plus importantes que le dernier Salon aéronautique du Bourget, au cours duquel Airbus a volé la vedette, nous a enseigné, dit-il.
De son point de vue, l’industrie aérospatiale évolue maintenant dans un monde ou une aire «moteur-centrique», où le choix d’un moteur performant prime sur toute autre innovation, en matière de choix matériaux et de design du fuselage d’un nouvel avion.
«Si Boeing n’a pas compris cette leçon, elle doit le faire rapidement», écrivait-il il y a moins d’une semaine dans une lettre à ses clients investisseurs, encourageant le géant américain à s’inspirer de l’expérience d’Airbus.
Airbus vole la vedette
Plutôt que de se lancer dans la construction d’un tout nouvel appareil, Airbus a choisi de lancer une version améliorée de sa gamme A320 en offrant essentiellement à ses client qu’une nouvelle option de moteurs. Parmi les deux moteurs, Airbus offre la fameuse famille de moteurs à réaction Pure Power de Pratt & Whitney, la même que Bombardier a choisi pour équiper son futur CSeries.
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Résultat : Airbus a volé la vedette en France ce printemps en annonçant en quelques jours pas moins de 700 commandes pour son A320 Neo, cet «ancien A320» amélioré. En comparaison, malgré ses innovations technologiques, en terme de poids, de design et d’empreinte environnementale notamment, le Cseries de Bombardier a dû se contenter d’une trentaine de commandes fermes.
«Le A319 a beau voler depuis des décennies, avec des technologies tirées des années 1980 et un fuselage surtout fait de métal, cela importe peu», écrit l’analyste américain dans sa lettre mensuelle à ses clients investisseurs. (...) De généreux incitatifs financiers, un prix et des conditions de ventes avantageux, voilà tout ce qui compte dans cet «engine-centric world », soutient Richard Aboulafia.
Trop tard pour Bombardier?
Boeing semble en avoir pris bonne note en parvenant in extremis, avec celui qu'on prénomme déjà B737 Neo, à convaincre American Airlines à lui céder une part d’une commande milliardaire dont Airbus est passé à un cheveux de profiter seule.
Reste maintenant à espérer que la leçon n’arrive pas trop tard pour la canadienne Bombardier, qui a déjà englouti des milliards de dollars américains dans la conception de sa nouvelle famille d’avions.
À 45 minutes de la fermeture du parquet de la Bourse de New York, l'action de Boeing progressait de 2,65% ou 1,87$US, à 72,40$US. Au même moment, à la Bourse de Toronto, le titre de Bombardier continuait sa chute; se négociant à 6,33$, en baisse de 0,11$ ou de 1,71%.
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