Il y a cinq ans, l’homme d’affaires montréalais André Scheffer en a eu marre du trafic du vendredi pour se rendre à son chalet de Saint-Donat. Il a pris la chose au sérieux: il s’est acheté un hélicoptère Robinson Raven R44 de 4 places.
«Je me suis offert l’équivalent d’une grosse Ferrari!» reconnait le comptable agréé et propriétaire de quelques motels. Son appareil lui permet d’aller plus vite que la célèbre voiture italienne. Il peut filer à plus de 200 km/h sans crainte de voir des gyrophares dans le rétroviseur.
Aux commandes de son hélicoptère de fabrication californienne, l’homme de 53 ans étend considérablement son champ «d’action». Brunch à l’Auberge du lac à l’Eau Claire, à Saint-Alexis-des-Monts, en Mauricie; partie de golf au Manoir Richelieu, dans Charlevoix, escapade d’un week-end à Cape Cod, dans le Massachusetts… Il peut faire tout ça quelques jours. « En autant que les conditions météorologiques soient favorables, toutes ces virées sont possibles», précise-t-il.
André Scheffer fait partie d’un club très sélect. Selon Transport Canada, le Québec compte tout au plus 260 pilotes d’hélicoptère privés. Mais ce nombre a augmenté depuis 2000, aidé par le coût plus abordable des hélicoptères. Le R-44 coûte quelque 350 000 dollars. Pour 100 000 dollars de moins, on peut s’offrir un R-22, de deux places. C’est moins cher que la plus abordable des Ferrari. Il y a quinze ans, il fallait payer plus d’un million de dollars pour un hélico. Alors qu’il écoulait à peine trois appareils par an en 2002, Yves Le Roux, de Passport Hélico, à Mascouche, en vendait tout près de 25 par année 5 ans plus tard. La récession a durement touché ses ventes, mais celles-ci sont depuis reparties à la hausse. «La plupart des acheteurs sont des gens d’affaires qui découvrent combien ce mode de transport est utile et efficace pour les courts déplacements, les destinations à accès restreint… et les périodes d'heures de pointe», dit Yves Le Roux.
Il faut des poches profondes pour décrocher sa licence
Plus de la moitié de ces nouveaux proprios d’hélicoptère détiennent déjà une licence de pilote d’avion privé. André Scheffer possédait la sienne depuis une vingtaine d’années. «Ce n’est pas parce qu’on est un bon pilote de brousse qu’on peut piloter un hélico. Les commandes d’un hélicoptère exigent davantage de dextérité, de douceur, pour ne pas dire de la tendresse », explique l’entrepreneur à qui il a fallu 14 mois pour obtenir sa licence.Cette longue formation explique son coût très élevé. En plus d’exiger une soixantaine d’heures théoriques et un minimum de 45 heures de cours pratique (certaines écoles exigent 65 heures), l’obtention d’une licence de pilote privé d’hélico coûte au bas mot 35 000 dollars, soit trois fois plus qu’une licence de pilote d’avion.
Et à ce coût s’ajoute les frais d’opération et d’entretien. «Amortissement de l’appareil compris, un vol en hélico coûte en moyenne 450 dollars de l’heure», dit André Scheffer, qui vole en moyenne 100 heures par année.
«Mais ça en vaut le coup, ajoute-il. Piloter un hélicoptère offre une incroyable sensation de liberté que ne permet pas l’avion. L'appareil peut se poser partout…ou presque.» Il suffit en effet d’un espace de 10 000 pieds carrés pour poser un hélicoptère, soit l’équivalent de quinze places de stationnement pour les voitures.
Comme plusieurs autres pilotes, André Scheffer déplore le fait que Montréal ne dispose pas d’un héliport public. Actuellement, les exploitants d'hélicoptères qui veulent atterrir à Montréal doivent le faire à Dorval, à Saint-Hubert ou à Mascouche. On ne se sauve jamais totalement des embouteillages.
À savoir
Selon Transport Canada, on recense actuellement 4700 pilotes d’hélicoptères au pays, dont près de 15% sont enregistrés à titre de pilotes privés. C’est en Colombie-Britannique que l’on trouve le plus grand nombre de pilotes d’hélico (privés, professionnels, publics), soit un peu plus de 1440.
Où apprendre à piloter?
Passport Hélico, Beloeil et Mascouche
Hélicraft, à Saint-Hubert
Hélicoptères Canadiens, Québec