ANALYSE – Le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec qui investit à Londres. La société britannique Framestore qui investit à Montréal dans les effets spéciaux. La récente visite de la première ministre Pauline Marois au Royaume-Uni semble avoir donné un nouveau souffle à notre relation économique avec ce pays.
Or, les statistiques relatives à nos échanges commerciaux avec le Royaume-Uni devraient nous inciter à la prudence, car le gouvernement du Québec gère essentiellement une relation en déclin.
Malgré des soubresauts, les exportations du Québec vers le Royaume-Uni diminuent depuis 10 ans. En 2011 (la base annuelle la plus récente), nos expéditions à destination de ce pays ont totalisé 1 243 millions de dollars, soit le plus faible niveau depuis 2002, selon Statistique Canada.
Comme les avions sont notre premier poste d’exportation au Royaume-Uni, des ventes moins importantes certaines années peuvent affecter les statistiques. Cela dit, la tendance est là: nous exportons beaucoup moins qu’avant vers ce pays.
Pour leur part, les exportations britanniques au Québec sont relativement stables à long terme. En 2002, elles s’élevaient à 4 639 M$, soit un peu plus qu’en 2011, à 4 588 M$. Les expéditions du Royaume-Uni ont bien atteint un sommet 6 946 M$, en 2008. Mais depuis, elles ont fondu comme neige au soleil.
Les investissements du Canada au Royaume-Uni (les données par province ne sont pas disponibles) se portent mieux. En 2011, ils devraient atteindre un sommet de 83,3 milliards de dollars, selon les estimations de Statistique Canada.
En revanche, les investissements du Royaume-Uni au Canada ont dramatiquement chuté depuis leur sommet de 2007, à 56,8 G$. En 2011, ils s’élevaient seulement à 38,9 G$, soit une dégringolade de 31%.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le déclin des échanges économiques entre le Québec et le Royaume-Uni. L’un d’entre eux est la croissance fulgurante des échanges économiques du Québec avec la Chine, ces dernières années.
L’Empire du Milieu est non seulement devenu notre deuxième marché d’exportation après les États-Unis (le Royaume-Uni arrive au cinquième rang), mais il est aussi devenu notre deuxième partenaire commercial, si l’on tient compte des exportations et des investissements chinois au Québec et au Canada.
Le centre de gravité économique (et politique) du monde se déplace irrémédiablement vers la région de l’Asie-Pacifique, une tendance qui affecte et affectera à l’avenir le bilan de nos échanges commerciaux avec les autres régions du monde.
Certes, le futur accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne relancera sans doute les exportations du Québec vers le marché européen, incluant celles au Royaume-Uni.
Mais il ne faut pas s’attendre à des miracles. Les tarifs douaniers entre le Canada et l’UE sont relativement faibles. Par exemple, ils sont en moyenne de 4,9% sur les exportations canadiennes de produits chimiques et de matières plastiques.
De plus, les barrières non tarifaires ne sont pas aussi problématiques qu’elles peuvent l’être dans certains pays asiatiques, comme le Japon et la Corée du Sud, dans l’industrie automobile.
Aussi, à moins d’un revirement spectaculaire et improbable, les échanges du Québec avec le Royaume-Uni sont appelés à poursuivre leur déclin. Non pas parce que l’économie britannique n’a rien à offrir à nos entreprises. Mais parce que les occasions d’affaires en Chine, en Asie et dans les autres économies émergentes sont tout simplement beaucoup plus importantes.