DÜSSELDORF (BLOGUE) – Cinq jours, cinq villes, des visites d’entreprises, des lectures… C’est bien peu pour comprendre pourquoi les exportateurs allemands ont tant de succès à travers le monde.
Néanmoins, au terme de notre semaine de reportage, nous pouvons identifier certaines façons de faire des entreprises allemandes qui peuvent sans doute inspirer les exportateurs canadiens.
1. Les usines allemandes sont très automatisées
Les exportateurs allemands ont des équipements modernes, à la fine pointe de la technologie. Les entreprises injectent des milliers voire des millions d’euros par année pour avoir les meilleures machines possibles pour leurs travailleurs, ce qui accroît leur productivité (parmi la plus élevée en Europe).
Les exportateurs canadiens investissent aussi dans les équipements, mais sur une base beaucoup moins régulière que les exportateurs allemands. Sous le couvert de l’anonymat, un entrepreneur allemand qui a récemment visité des usines au Canada nous a confié qu’il avait été surpris de constater à quel point elles n’étaient pas suffisamment automatisées.
Le haut niveau d’automatisation des usines allemandes aide aussi à réduire l’impact de la pénurie de main-d’œuvre en Allemagne. Comme le Québec, ce pays est l’une des sociétés les plus vieillissantes dans les pays industrialisés.
2. Le secteur manufacturier, c’est cool!
Le secteur manufacturier est très bien perçu en Allemagne. Les constructeurs automobiles et les équipementiers (machines, électroménagers, etc.) sont d’ailleurs le fer de lance des exportations allemandes, notamment en Chine.
Aussi, malgré le déclin démographique du pays, les exportateurs n’ont pas trop de difficultés à recruter des ouvriers et des techniciens, qui sont généralement bien payés. En 2010, les travailleurs allemands gagnaient 33,1 euros de l’heure (43,1$CA) contre 22,5 euros (29,3$CA) dans l’ensemble de l’Union européenne.
Au Canada, les manufacturiers et exportateurs disent souvent avoir un problème d’image. Selon eux, ce secteur n’est pas jugé «branché» par beaucoup de jeunes, qui lui préfère celui des technologies de l’information. De plus, les Allemands valorisent la formation technique, comme en témoigne le système d’apprenti. Au Canada, on valorise surtout la formation universitaire.
3. Tout est dans la niche
Bien qu’ils exportent beaucoup, les entreprises allemandes vendent rarement des produits de masse à l’étranger : elles ont systématiquement tendance à cibler des secteurs nichés.
Le constructeur automobile BMW en est un bon exemple. Ses voitures de luxe sont prisées à travers le monde. Le fabricant de valves de régulation Samson AG – nous les avons rencontrés – en est un autre. Cette multinationale de Francfort est un leader mondial avec ses valves de qualité destinées aux industries.
Plus globalement, le pays s'est positionné au fil des décennies comme une puissance manufacturière, qui vend surtout ses produits aux entreprises et aux industries à travers le monde. En 2010, l'industrie comptait pour 27,8% du PIB allemand, selon les données de la CIA. En France, elle ne représentait que 18,6%. Au Canada, l'industrie comptait pour 26,3%, principalement en raison de son secteur des ressources naturelles.
4. De la qualité, de la qualité et encore de la qualité
Faites l’exercice autour de vous : demander ce que représente le label Made In Germany, on vous répondra qu’il signifie que nous sommes en présence de produits de qualité, fiable et durable (solide). C’est plus qu’une façon de faire, c’est une manière d’être, encrée dans la culture d’affaires du pays.
Les exportateurs allemands sont littéralement obsédés par la qualité de leurs produits. Tous les entrepreneurs que nous avons interviewés nous ont dit que leur gestion serrée de leurs coûts ne devait jamais se faire au détriment de la qualité.
Bien entendu, les exportateurs canadiens font des produits de qualité. Bombardier en est un bon exemple. Toutefois, le label Made In Canada est loin de résonner aussi fort que le Made In Germany. Or, ce label est plus qu’une réputation. Ce gage de qualité est devenu un avantage concurrentiel important pour les exportateurs allemands à l’étranger.