DÜSSELDORF (BLOGUE) – Que ce soit au café du coin, au supermarché ou en arpentant les rues de la capitale de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, on voit bien que le niveau de vie est élevé en Allemagne.
Les travailleurs allemands gagnaient d’ailleurs en 2010 un salaire moyen beaucoup plus élevé que la moyenne des 27 pays de l’Union européenne, soit 33,1 euros de l’heure (43,1$CA) contre 22,5 euros (29,3$CA).
Pourtant, les travailleurs allemands sont très compétitifs : malgré des salaires élevés, l’Allemagne est le plus grand pays exportateur d’Europe (le troisième au monde après les États-Unis et la Chine).
Comment les exportateurs allemands font-ils ? Plusieurs facteurs pèsent dans la balance : l’investissement massif dans les nouvelles technologies, la productivité élevée et la compétence des travailleurs, ainsi que les faibles charges sociales que doivent assumer les entreprises.
L’investissement régulier dans les nouvelles technologies et les équipements ultramodernes est pratiquement une religion en Allemagne.
Que ce soit chez Samson AG (valves de régulation), Dörken (systèmes de protection de bâtiments) ou Jokey Plastik (contenants en plastique), tous les dirigeants de ces entreprises manufacturières nous ont souligné à quel point l’investissement était un facteur important pour expliquer leurs succès sur les marché internationaux. Cela permet d’automatiser davantage leurs procédés et leurs chaînes de production. Par exemple, chez Jokey Plastik, un travailleur peut actionner six machines en même temps.
Ces investissements chez ces trois entreprises et chez les autres manufacturiers du pays permettent d’ailleurs aux travailleurs allemands – parmi les mieux formés au monde, notamment grâce au système d’apprenti – d’être très productifs. En 2010, un travailleur allemand produisant en moyenne pour 53,6 $US de PIB par heure travaillée, soit plus que la moyenne de la zone euro (49,7 $US), selon l’OCDE.
PLUS : Lisez notre dossier Les Affaires en Allemagne.
Charges sociales moins élevées
Les Allemands sont toutefois moins productifs que les Français (57,7 $US), les Belges (58,9 $US), les Irlandais (63,6 $US) ou les Américains (59 $US). Ils le sont toutefois plus que les Canadiens (45,2$US).
Cela dit, la valeur monétaire de l'unité de PIB fabriquée pèse aussi dans la balance, disent les spécialistes.
Par exemple, les Norvégiens (75,3 $US) sont les travailleurs les plus productifs d’Europe et de l’OCDE. Mais comme leur économie est axée sur l’exploitation du pétrole (une ressource dont le prix est élevé), cela tire vers le haut la productivité du pays par heure travaillée.
Enfin, le succès des exportateurs allemands et de la compétitivité de leurs travailleurs tient aussi aux charges sociales des entreprises privées du pays, qui sont moins élevées que la moyenne des 27 pays de l’Union européenne.
Ainsi, en 2010, les employeurs allemands payaient 28 euros par tranche de 100 euros de salaire brut, comparativement à 31 euros pour l’UE, selon l’agence allemande de statistiques, Destatis. À titre comparatif, les employeurs français en paient 49 euros, les plaçant ainsi au deuxième rang dans l’UE, derrière la Suède à 51 euros.
D’autres facteurs peuvent aussi expliquer le dynamisme des exportateurs allemands, nous ont confié les entrepreneurs que nous avons interviewés, comme le fait d’avoir une monnaie forte, l’euro.
Même si sa valeur peut nuire quand vient le temps d’exporter par exemple en Pologne, ils s’entendent tous pour dire que la force de la monnaie unique – et, avant, celle du Deutshe Mark – les oblige depuis longtemps à innover constamment pour être plus efficace, plus productif et, en en fin de compte, plus compétitif.