Le parti de droite grec Nouvelle Démocratie part favori pour les élections législatives qui se tiendront dimanche en Grèce en un seul tour, sans toutefois paraître en mesure de réunir une majorité, laissant augurer un nouveau gouvernement de coalition.
Entre colère et peur du lendemain, après deux ans de crise, 9,8 millions d'électeurs grecs sont face au dilemme d'un vote sanction contre les principaux partis, la ND et les socialistes du Pasok, tenus responsables de la mauvaise gestion du pays durant des décennies et de l'austérité qui en découle, ou d'un vote de dépit devant la menace récurrente d'une sortie du pays de l'euro.
Ce qui explique le nombre élevé de votants indécis estimé à 25% du corps électoral par les derniers sondages parus il y a deux semaines, et la percée de nombreux petits partis. Une dizaine au total pourraient faire leur entrée au parlement, soit le double de l'assemblée précédente.
La Nouvelle Démocratie d'Antonis Samaras est créditée de 25% des intentions de vote, et le parti rival socialiste dirigé par Evangélos Vénizélos arrive derrière avec moins de 20%. Tous deux insistent sur "la nécessité d'un gouvernement stable" pour sortir le pays de la crise.
Mais si M. Vénizélos est partant pour un nouveau gouvernement de coalition, au vu des bas scores du Pasok et de la ND par rapport au scrutin de 2009 (43,9% et 33,4% respectivement), M. Samaras aspire au retour de la droite "seule" au gouvernement. Il s'oppose à "une coopération avec le Pasok".
"Je demande de gouverner seul avec un mandat fort au nom de la stabilité politique car une coalition n'est pas dans l'intérêt du peuple grec, mais seulement du Pasok, et cela condamnerait les Grecs à la stagnation", a lancé M. Samaras devant ses militants jeudi soir, agitant des drapeaux grecs, bleu et blanc aux couleurs du parti, lors d'un meeting à Athènes.
Opposé initialement au plan d'assainissement de l'économie et à la rigueur imposée au pays depuis 2010 par ses créanciers (BCE, UE et FMI), M. Samaras, contraint de co-gouverner avec les socialistes depuis novembre, se prévaut maintenant de sa participation à ce gouvernement de coalition.
Ces six derniers mois, le gouvernement grec, sous l'égide de l'ancien vice-président de la BCE, Lucas Papademos, a négocié un deuxième prêt international et l'effacement de 106 milliards de dette souveraine.
Evangélos Vénizélos, qui fut le ministre socialiste des Finances avant d'être élu à la tête du Pasok il y a juste un mois, ne cesse de rappeler l'opposition "stérile" de la droite aux mesures dictées par l'UE et du FMI au début de la crise.
Agitant "le spectre de la sortie de l'euro", il a souligné vendredi dans un entretien au quotidien Ethnos que "le vote de dimanche n'est pas un vote de protestation, mais un vote d'importance déterminante", qui ne doit pas se transformer en "auto-sanction pour la patrie et les citoyens".
Il doit s'exprimer vendredi soir sur la place Syntagma à Athènes près du parlement, habituée des manifestations anti-austérité parfois violentes de ces deux dernières années. En clôture d'une campagne électorale qui aura duré moins d'un mois, M. Vénizélos va tenter "de renouer son parti avec la société civile".
Face au discrédit des deux piliers du bipartisme qui a dominé le paysage politique grec depuis 38 ans et les nouvelles économies budgétaires de 11,5 milliards d'euros à trouver d'ici juin pour 2013-2014, l'électorat se tourne vers les petits partis anti-rigueur allant de la gauche radicale Syriza --qui pourrait voir son score plus que doubler par rapport aux 4,8% en 2009-- aux partis d'extrême-droite et même néo-nazi.
Les communistes KKE, en troisième place au parlement actuellement, devraient gagner sur leur score de 7,3% en 2009 tandis que le nouveau parti pro-européen Gauche démocratique (Dimar), une faction de Syriza, proche du Pasok est crédité de 5 à 9%. Ce dernier pourrait jouer un rôle clé au lendemain du scrutin, au cas où la droite et le Pasok n'arrivent pas à avoir des voix suffisantes pour former un gouvernement de coalition.
A droite, le tout nouveau parti populiste "Grecs Indépendants", créé par un dissident de la droite, Panos Kammenos, opèrerait une percée le faisant entrer au parlement tandis que le mécontentement et la question de l'immigration propulseraient aussi sur les bancs de la chambre le parti néo-nazi Chryssi Avghi, crédité de jusqu'à 5% des voix.
Le parti d'extrême droite Laos et à gauche, les Ecolos-Verts compléteraient la carte parlementaire.