FRANCFORT (BLOGUE) – Après des semaines de préparation, nous sommes arrivés ce matin en Allemagne pour y réaliser des interviews avec des exportateurs allemands. L'objectif: comprendre comment ils font pour être si compétitifs et vendre leurs produits (des brosses à dents aux voitures en passant par la machinerie et les aliments) aux quatre coins de la planète.
L’Allemagne, c’est le pays des exportateurs. Durant des années, le pays de Goethe (célèbre poète, romancier et dramaturge allemand né à Francfort) a d’ailleurs été le premier pays exportateur de la planète en terme absolu. Oui, oui, vous avez bien lu, en terme absolu, et non en terme relatif, par exemple, en proportion du PIB allemand.
L’Allemagne a toutefois perdu en 2009 son titre de championne du monde des exportateurs. En 2010, les États-Unis et la Chine occupaient respectivement le premier et le deuxième rang, selon les statistiques de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Cette année là, les exportations allemandes ont atteint 1 501 milliards de dollars américains (G$ US). Ce qui n’est du reste pas si loin de celles des exportateurs américains (1796 G$ US) et des exportateurs chinois (1748G$ US). À titre de comparaison, les exportations canadiennes ont totalisé 399G$CA en 2010.
Malgré une troisième place, les analystes s’entendent pour dire que la performance allemande est toute simplement exceptionnelle compte tenu de la taille de son économie (3 317G$US, soit un peu plus du quart de l’économie américaine) et de sa population (83 millions d’habitants).
Même si beaucoup d’Allemands ne se posent sans doute même plus la question, les succès de leurs exportateurs suscitent de l’intérêt à travers le monde. On ne compte d’ailleurs plus les livres, les études et les articles publiés à propos du fameux modèle allemand.
Organisation du travail efficace, chaîne d’approvisionnement diversifiée, redoutable culture de l’innovation : plusieurs facteurs macroéconomiques expliquent la capacité du pays à exporter une si forte proportion de sa production.
Les Affaires voulait l’entendre de la bouche des principaux intéressés, les exportateurs. Nous voulions voir comment, dans leur quotidien, des exportateurs allemands arrivent à être si compétitifs.
Ainsi, du 15 au 22 janvier, nous allons parcourir les routes du pays pour rencontrer des dirigeants d’entreprises dans la région de Francfort et de Düsseldorf, dans le centre et le nord-ouest du pays, ou l’on retrouve beaucoup d’entreprises exportatrices.
Les stratégies sous la loupe
À notre retour, nous décortiquerons dans les pages de Les Affaires la stratégie de quelques exportateurs allemands, pour la plupart de grandes PME. Malgré des réalités et des cultures différentes, les exportateurs québécois peuvent s’inspirer des exportateurs allemands.
Après tout, les Québécois et les Allemands ont en commun de devoir exporter avec une monnaie forte. Malgré son recul depuis la crise de la dette souveraine dans la zone euro, la monnaie unique européenne demeure une devise forte. Le dollar canadien fait lui aussi partie du club des devises fortes.
Et à moins que la demande pour nos ressources naturelles s’effondre dans les prochaines années, nos exportateurs devront apprendre à vivre avec un huard avoisinant la parité avec le dollar américain.
Beaucoup s’en arrachent les cheveux juste à y penser. Et si ce huard fort était salutaire à terme pour les exportations québécoises?
La prospérité allemande et le succès de ses exportateurs ne se sont pas construits sur une monnaie faible. Les plus jeunes l’oublient, mais avant d’adopter l’euro, les Allemands avaient une autre monnaie forte, le Deutsche Mark.
Notre journaliste François Normand est en Allemagne du 15 au 22 janvier pour interviewer des exportateurs allemands afin de mieux comprendre leur succès dans le monde. Durant la semaine, il analysera aussi sur les affaires.com les défis économiques auxquels doit faire face l’Allemagne.