La chancelière Angela Merkel a défendu jeudi l'idée de confier au commissaire européen aux Affaires économiques un droit de veto sur les budgets nationaux des Etats membres.
«Nous pensons, et je le dis au nom de l'ensemble du gouvernement allemand, que nous pourrions faire un pas en avant en accordant à l'Europe un véritable droit d'ingérence sur les budgets nationaux quand ils ne respectent pas les limites fixées pour la stabilité et la croissance», a-t-elle déclaré.
«Quand nous aurons un mécanisme capable de déclarer non valide un budget (...) nous serons alors au point où nous aurions bien sûr besoin de quelqu'un au sein de la Commission qui aurait autorité en la matière et il n'y a que le commissaire aux Affaires économiques qui peut faire cela», a-t-elle dit.
«Je sais que de nombreux Etats membres ne sont pas encore prêts à cela, malheureusement (...) mais cela ne change rien au fait que nous allons nous battre pour cela», a-t-elle ajouté, très applaudie par les députés allemands.
Elle s'en est pris à ceux qui ont immédiatement rejeté cette idée exprimée en début de semaine par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.
«Je suis étonnée que à peine quelqu'un fait-il une proposition pour améliorer la crédibilité (de l'Europe) aussitôt on crie "ça ne va pas, l'Allemagne s'isole, on ne le fera pas". Ce n'est pas ainsi que nous construirons une Europe crédible», a-t-elle jugé.
Dans un discours d'une quarantaine de minutes, visant à présenter les positions allemandes avant le sommet de l'UE qui débute jeudi après-midi, la chancelière a essentiellement répété une vision de la crise financière et de ses solutions déjà exprimée à plusieurs reprises, insistant sur l'équilibre nécessaire entre discipline et solidarité.
Elle a de nouveau salué le prix Nobel de la paix accordé à l'Union européenne, y voyant un signal "tellement important" en pleine crise de l'euro. «L'euro incarne l'union politique en Europe», a-t-elle répété.
Mme Merkel a insisté sur les erreurs commises à la création de la monnaie unique, qui n'a pas été accompagnée des instruments nécessaires à une plus forte intégration politique, et sur les problèmes de compétitivité de plusieurs pays européens. Elle a estimé que résoudre ces faiblesses structurelles serait un long processus.
La chancelière a de nouveau salué les réformes des pays du sud, notamment en Grèce et en Espagne. «On a demandé beaucoup aux populations de ces pays mais les mesures de réforme commencent à donner de bons résultats», a-t-elle dit, soulignant qu'il fallait poursuivre dans cette direction. «Seules les réformes de structure créent une croissance durable et de l'emploi».
Elle a néanmoins salué l'importance du pacte de croissance qui complète le pacte budgétaire européen et a promis la solidarité «qui va main dans la main avec les conditions (de rigueur) imposées» aux pays en crise.