Après avoir évité une nouvelle récession en début d'année, l'économie britannique a vu sa reprise s'accélérer au deuxième trimestre, mais fait encore face à nombre de défis.
D'avril à juin, le produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a enregistré une croissance de 0,6% par rapport au trimestre précédent, selon la première estimation de l'Office des statistiques nationales (ONS) publiée jeudi.
Conforme aux prévisions des économistes, selon un consensus établi par Dow Jones Newswires, cette croissance marque une accélération après celle de 0,3% du premier trimestre, qui avait permis au pays d'éviter de replonger en récession.
En glissement annuel, la croissance s'est établie à 1,4%.
«La première estimation du PIB du deuxième trimestre confirme que la reprise britannique s'est accélérée», comme l'ont montré de nombreux indicateurs ces derniers mois, commente Vicky Redwood, de Capital Economics.
L'analyse sectorielle du PIB est par ailleurs encourageante car elle «suggère que la reprise est un peu plus équilibrée qu'auparavant», ajoute l'économiste.
Selon l'ONS, les quatre secteurs d'activité (agriculture, production, construction et services) ont en effet tous connu une croissance d'avril à juin, la plus forte contribution à la croissance du PIB venant des services (0,48 point de croissance).
Le «baby boost»et le beau temps
Et l'optimisme découlant du beau temps de ces dernières semaines et de la naissance lundi du bébé royal devrait permettre à la reprise de «maintenir son rythme au moins au début du troisième trimestre», prédit Vicky Redwood.
Très critiqué par l'opposition travailliste pour sa politique d'austérité, le ministre des Finances conservateur George Osborne s'est empressé de saluer cette bonne nouvelle.
«Ces chiffres sont meilleurs que prévu», a-t-il affirmé. «La Grande-Bretagne garde son sang froid, nous gardons le cap et l'économie britannique se remet», s'est félicité le Chancelier de l'Échiquier.
Évoquant des chiffres encourageants, le Premier ministre David Cameron a souligné pour sa part que le gouvernement était »sur la bonne voie: bâtir une économie pour les gens travaillant dur».
Frappée de plein fouet par la crise financière qui a entraîné le sauvetage par l'État de plusieurs banques, le Royaume-Uni a connu une profonde récession en 2008-2009.
Plombée par la crise de la zone euro et la cure d'austérité drastique du gouvernement, elle a ensuite alterné depuis fin 2011 trimestres de croissance et de contraction. Mais elle n'a finalement pas connu de deuxième récession fin 2011-début 2012 contrairement à ce qui avait été estimé précédemment, selon des chiffres révisés fin juin.
Si la reprise a gagné en vigueur, les économistes et le gouvernement appellent toutefois à ne «pas s'emballer», selon les termes de Vicky Redwood, alors que l'économie britannique fait encore face à de nombreux défis.
Une croissance de 0,6% reste "assez médiocre" après une récession et le PIB est toujours inférieur de 3,3% au pic enregistré au premier trimestre 2008, juste avant la crise, juge-t-elle.
«Des vents contraires significatifs sont toujours présents», estime de son côté Howard Archer d'IHS Global Insight, citant notamment la rigueur budgétaire, une croissance mondiale faible ainsi qu'un pouvoir d'achat sous pression et une hausse des revenus très limitée.
«Il y a encore un long chemin à parcourir et je sais que la situation est encore difficile pour les ménages», a reconnu George Osborne, promettant de garder sa «détermination afin d'être sûr que nous remettrons sur pied tout ce qui n'allait pas dans notre économie».
Selon les économistes, cette amélioration de la reprise n'empêchera pas la Banque d'Angleterre et son nouveau gouverneur Mark Carney de fournir en août une trajectoire de taux. Bien au contraire.
«Ces signes de reprise font qu'il est d'autant plus important que le comité (de politique monétaire) rassure les marchés en leur signalant que les taux resteront bas même si la reprise s'accélère», afin de ne pas l'entraver, analyse Vicky Redwood.