La Grèce a réussi son premier examen de passage auprès de l'UE et du FMI depuis la remise sur les rails de son programme de redressement, s'assurant ainsi le déblocage prochain de 8,8 milliards d'euros de prêts pour continuer à lutter contre son surendettement.
« La Grèce se stabilise (...) la situation commence à changer, les sacrifices des Grecs trouvent une justification », s'est félicité lundi le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, dans un message télévisé.
Le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, et la troïka des créditeurs UE, BCE et FMI, venaient d'annoncer un « accord » concluant le premier examen trimestriel du pays après qu'il eut accepté cet hiver d'intensifier austérité et réformes en échange de son maintien sous perfusion internationale.
Cet épilogue après un mois et demi de négociations ardues débloque une tranche de prêts de 2,8 milliards d'euros et « ouvre la voie au versement de la prochaine tranche de mai », de 6 milliards d'euros, a relevé M. Samaras.
Le décaissement des 2,8 milliards « peut être convenu rapidement par les membres de la zone euro », a précisé la troïka dans un communiqué.
La clé de l'accord a été un compromis, tant au sein de la coalition gouvernementale droite-gauche qu'entre exécutif et troïka, sur le dégraissage de la fonction publique réclamé par les créanciers mais contesté dans un pays forgé par des décennies de clientélisme et traumatisé par l'envolée du chômage à plus de 27%.
Le plan, a précisé M. Samaras, prévoit « le départ » d'ici fin 2014 de 15 000 fonctionnaires, dont 4 000 en 2013, limogés pour incompétence ou forfaiture, ou pour cause de suppression de leurs postes. Mais ils seront remplacés par autant de nouveaux entrants choisis à la méritocratie, a-t-il insisté.
M. Stournaras a lui souligné lors d'une conférence de The Economist à Athènes que « l'objectif du départ de 150 000 fonctionnaires d'ici 2015 sera tenu ».
Le syndicat des fonctionnaires Adedy a riposté en dénonçant une « industrie de licenciements » et appelant à une manifestation mercredi.
Le gouvernement et la troïka sont aussi convenus de proroger un impôt foncier exceptionnel, mais en le réduisant de 15%, et de lancer la récupération par l'Etat d'arriérés d'impôts et de cotisations sociales, avec des facilités pour les ménages surendettés.
Alors que le pays avait été menacé l'année dernière de sortie de l'euro, les représentants des bailleurs de fonds n'ont cette fois pas été avares de satisfecits.
« La Grèce a tenu avec constance ses objectifs budgétaires (...) le verre est plus qu'à moitié plein », a affirmé Poul Thomsen, représentant du FMI.
Dans l'attente d'une confirmation d'Eurostat, Athènes a affiché la semaine dernière un déficit public hors recapitalisation des banques à 6% du PIB pour 2012, moins de la moitié du trou de 15,8% de 2009.
La troïka a salué un « important progrès » dans la collecte des impôts, clé de voute du rétablissement budgétaire dans un pays ayant atteint ses limites en matière de coupes dans les dépenses publiques.
Les créanciers ont aussi fait briller une lumière au fond du tunnel du surendettement: les efforts du pays pour redevenir solvable « restent sur les rails » ont-ils estimé, réaffirmant leur engagement à un soutien supplémentaire.
« Dès que nous atteindrons un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette), nous pourrons demander une coupe supplémentaire de notre dette publique », estimée par Athènes à 156,9% fin 2012, a rebondi M. Samaras.
Cette nouvelle restructuration de la dette, que consentiraient les prêteurs institutionnels après les deux décotes acceptées par les créanciers privés, est notamment souhaitée par le FMI, l'austérité imposée au pays en contrepartie de prêts de 240 milliards d'euros, l'ayant jusque là maintenu dans l'endettement et la récession.
Sur le plan économique, la troïka a maintenu ses prévisions d'un retour « graduel à la croissance » courant 2014, en dépit des retombées sur les exportations grecques de la crise bancaire frappant Chypre.
M. Stournaras les a estimées jusqu'à « 0,5% du PIB », mais a jugé que la progression attendue du tourisme cette année, avec « plus de 16 millions de visiteurs attendus » permettra de compenser.