En présentant la France comme une "bombe à retardement au coeur de l'Europe", l'hebdomadaire britannique du milieu des affaires The Economist s'est attiré les foudres du gouvernement français mais aussi, une fois n'est pas coutume, du patronat hexagonal.
Après avoir dénoncé un supposé "déni" français avant la présidentielle, puis critiqué le président François Hollande, un "homme plutôt dangereux", l'influent et libéral magazine jette un nouveau pavé dans la mare.
Le numéro spécial du 17 novembre est illustré en couverture par sept baguettes de pain entourées d'un ruban bleu-blanc-rouge, reliées à une mèche allumée et prêtes à exploser. "La France pourrait devenir le plus grand danger pour la monnaie unique européenne", prévient le journal, "la crise pourrait frapper dès l'an prochain".
The Economist est particulièrement virulent à l'encontre du gouvernement socialiste, accusé de manquer du courage nécessaire pour réformer le pays.
"L'outrance pour faire vendre du papier, je vous le dis, n'impressionne pas du tout la France", a balayé dès jeudi le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Vendredi, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a comparé le très sérieux journal britannique au magazine satirique français Charlie Hebdo et à ses "caricatures". "C'est le Charlie Hebdo de la City", a-t-il lancé, en référence au quartier de la finance à Londres.
Plus surprenant, la patronne des patrons français, Laurence Parisot, a nettement pris ses distances vis-à-vis d'un journal souvent cité en référence par les chefs d'entreprise. "Le titre et la une" du journal sont "tout à fait exagérés", a-t-elle estimé.
Pourtant, la présidente du Mouvement des entreprises de France (Medef) vilipendait il y a encore un mois la politique du gouvernement et dénonçait un "racisme anti-entreprises" régnant, selon elle, dans le pays. Mais depuis, l'exécutif a présenté son "pacte de compétitivité", avec 20 milliards d'euros de baisses d'impôts pour les entreprises à la clé.
"En réalité, The Economist a un temps de retard parce que tout son dossier a été conçu avant le rapport Gallois et les premières décisions du gouvernement en faveur de la compétitivité", a relevé Laurence Parisot.
"Parler des réformes c'est beaucoup plus facile que faire les réformes", a répondu l'auteur du dossier, John Peet, dans un entretien mis en ligne par le journal français Les Echos.
Selon le journaliste de The Economist, la couverture "un peu provocatrice" doit être vue comme un encouragement aux "réformistes": "si la France ne change pas", elle "peut être dépassée par l'Italie et l'Espagne en matière de réformes" et "devenir un problème pour la zone euro".