Le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'est rendu lundi à Berlin pour convaincre la chancelière allemande Angela Merkel de la pertinence des réformes menées par son gouvernement alors que l'urgence d'une aide européenne grandit pour éviter la faillite du pays.
En fin d'après-midi, Mme Merkel et son homologue grec, qui ne portait pas de cravate, ont avancé ensemble sur le tapis rouge devant la chancellerie, lors d'une cérémonie des honneurs militaires réservée aux premières visites de chef de gouvernement étranger.
Ils se sont affichés détendus et souriants durant leur poignée de main, malgré les tensions récentes entre les deux pays au sujet de nouvelles aides européennes à la Grèce.
Mais après l'apparat, les choses sérieuses devaient commencer: à l'issue d'un premier entretien, une conférence de presse commune était prévue ce lundi. Les discussions devaient ensuite se poursuivre lors d'un dîner.
Confrontée à des échéances de remboursement importantes alors que ses caisses sont presque vides, Athènes attend le déblocage au moins partiel de la dernière tranche de prêts (7,2 milliards d'euros) prévue dans le cadre de la prolongation de l'aide financière décidée le 20 février par les Européens.
Ce versement est suspendu à la mise en oeuvre de réformes, dont M. Tsipras devrait présenter lundi à Mme Merkel une première ébauche de liste détaillée. Mais il a d'ores et déjà prévenu qu'il n'y aurait «pas de nouvelles mesures d'austérité».
La Grèce pourrait ne plus pouvoir assurer le service de la dette
La Grèce pourrait ne plus pouvoir assurer le service de la dette
Sans un déblocage de fonds à court terme, «il sera impossible pour Athènes d'assurer le service de la dette d'ici les prochaines semaines», a averti le Premier ministre grec dans un courrier daté du 15 mars et révélé lundi par le Financial Times. Un courrier qui serait à l'origine du mini-sommet, qui s'est déroulé vendredi à Bruxelles, en présence notamment du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel.
Alexis Tsipras s'y est engagé à présenter rapidement des réformes tandis que la Commission a annoncé mettre à la disposition d'Athènes «deux milliards d'euros pour l'année 2015».
«C'est peut-être la dernière chance pour M. Tsipras de convaincre Merkel qu'il fera finalement tout ce qu'il faut pour garder la Grèce dans l'euro. S'il échoue à inspirer confiance à Berlin, obtenir les fonds nécessaires (...) sera une vue de l'esprit», estimait Christian Schulz, analyste de la banque Berenberg.
Le gouvernement allemand a souligné qu'aucune annonce concrète n'était à attendre au terme de cette journée. Cette visite vise surtout à rétablir un lien de confiance avec la chancelière, alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis l'arrivée au pouvoir de M. Tsipras fin janvier.
«Il faut que le ton entre l'Allemagne et la Grèce s'améliore de nouveau. Aujourd'hui est la parfaite occasion pour cela», a estimé Alexander Kritikos, directeur de recherche à l'institut allemand DIW, sur la chaîne NTV.
Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier avait invité dimanche soir à l'apaisement des tensions entre Athènes et Berlin, qui se sont exprimées notamment par des demandes de réparations pour des crimes du régime nazi durant la seconde guerre mondiale. Ce sujet est pourtant considéré par Berlin comme juridiquement et politiquement clos.
«Nous ne pouvons pas permettre que les questions certes importantes et difficiles, que nous devons résoudre ensemble en Europe, minent les fondamentaux solides des relations germano-grecques», a affirmé M. Steinmeier, à l'issue d'une rencontre avec son homologue Nikos Kotzias.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, s'était en revanche chargé la semaine dernière de hausser le ton, agacé par les déclarations en tous sens du très médiatique ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, et les promesses de remise en cause du cap de l'austérité.
«Le temps est compté pour la Grèce», avait prévenu le ministre allemand, intransigeant sur l'importance de la rigueur budgétaire. «Jusqu'à présent, personne n'a compris ce que voulait le gouvernement grec», a-t-il critiqué.