L'activité du secteur privé dans la zone euro a enregistré en octobre sa plus forte contraction depuis juin 2009 et a pris au dépourvu les analystes, qui tablaient sur une amélioration de la situation.
L'indice PMI composite s'inscrit à 45,8 points, contre 46,1 en septembre, selon une première estimation publiée mercredi par le cabinet Markit.
Les analystes interrogés par DowJones Newswires tablaient sur un PMI à 46,5 points en octobre. L'activité progresse quand l'indice dépasse 50 points, et se contracte quand il est inférieur à ce seuil.
«L'environnement commercial dans lequel évoluent les entreprises s'est, de manière incontestable, fortement détérioré ces derniers mois. Si la baisse du PIB ne s'annonce que modérée au troisième trimestre, la contraction pourrait s'accélérer au quatrième», estime Chris Williamson, du cabinet Markit.
Pour l'économiste, «les perspectives d'activité à douze mois n'ont pas été aussi faibles depuis le début de l'année 2009, c'est-à-dire au plus fort de la crise provoquée par la chute de Lehman Brothers», avec des répercussions importantes sur l'emploi.
C'est dans le secteur manufacturier que l'activité s'est le plus fortement contractée, avec un indice à 45,3 points en octobre, contre 46,1 le mois précédent. Dans le secteur des services, l'activité a continué de se contracter, mais quasiment au même rythme qu'en septembre (indice à 46,2 points contre 46,1).
A l'échelle nationale, l'Allemagne enregistre un léger repli de son activité globale, de 49,2 points à 48,1 points.
Les politiques budgétaires fonctionnent-elles?
De son côté, la France fait de nouveau face à une forte contraction, avec un indice à 44,8 points, laissant entendre qu'elle «reste engluée dans la plus sévère phase de contraction qu'elle ait connue depuis début 2009», indique Markit. Le PMI français s'est toutefois légèrement redressé en octobre après s'être établi à 43,2 points le mois précédent.
Les données pour les autres pays de la zone euro ne sont pas disponibles mais «ce sont de nouveau les pays de la périphérie qui enregistrent les plus faibles performances», indique Markit dans un communiqué.
«Tout confirme que l'économie de la zone euro reste solidement ancrée en récession. Cela pose des questions sur l'efficacité des débuts de la politique budgétaire en Europe», affirme Martin van Vliet, de la banque ING.
«Les indices PMI vont dans le sens d'un recul du Produit intérieur brut de 0,4% (au quatrième trimestre). Bien que les récentes actions des responsables de la zone euro ont réussi à calmer les marchés, les problèmes économiques restent", souligne Ben May, économiste pour Capital Economics.
Pour Howard Archer d'IHS Global Insight, le contexte économique difficile devrait inciter la Banque centrale européenne (BCE) à baisser rapidement son principal taux directeur, de 0,75% à 0,50%. "Nous pensons que la question est de savoir quand la BCE va agir et non si elle va le faire", souligne l'économiste.