Dans la foulée de la dégradation de neuf pays de la zone euro, l'agence de notation Standard and Poor's a tiré mardi la première salve à l'encontre des notes de plusieurs entreprises publiques et averti que d'autres rafales allaient suivre, sans néanmoins troubler les marchés.
Premiers groupes français à en faire les frais: l'opérateur historique de l'électricité EDF et sa filiale RTE (dont les notes baissent d'un cran de AA- à A+), la SNCF (dégradée d'un cran de AA+ à AA).
Quant à Aéroports de Paris (ADP) sa note A+ a été placée sous perspective négative, ce qui signifie qu'elle pourra être abaissée dans un délai d'un à deux ans.
Une deuxième vague a suivi en début de soirée, avec la perte du triple A de huit entreprises ou organisations publiques ou parapubliques, notamment Réseau Ferré de France (RFF), gestionnaire public des voies de chemins de fer français, l'Unedic (assurance-chômage), la Cades (caisse d'amortissement de la dette sociale) et les hôpitaux parisiens de l'AP-HP, tous dégradés d'un cran.
Cette décision est la conséquence directe de la perte du triple A par la France: la note des entreprises publiques est en corrélation directe avec la très forte probabilité que l'État-actionnaire ou autorité de tutelle vienne à son secours, et l'affaiblissement de ce dernier se répercute sur leur notation.
Les entreprises sont "directement affectées par la dernière action sur la notation dans la zone euro du fait de leur statut" lié à la sphère gouvermentale, a expliqué l'agence de notation dans un communiqué.
Les entreprises et groupements publics français ne sont pas les seuls concernés, celles d'autres pays dégradés (Italie, Espagne, Autriche...) étant eux aussi visées par le coup de canif de SP.
Comme attendu, une importante vagues de dégradations devrait suivre, a parallèlement averti SP: plusieurs dizaines d'entreprises publiques, mais aussi 85 groupes bancaires et 15 assureurs ont depuis décembre leur note actuelle sur le fil du rasoir, rappelle l'agence.
Pour ceux-ci, la décision devrait être prise "dans les quatre semaines à venir", indique-t-elle. Un groupe d'assureurs devrait être fixé d'ici une semaine, précise SP.
La principale des trois grandes agences d'évaluation financière, qui menaçait depuis décembre d'abaisser les notes de 15 des 17 Etats de l'Union monétaire, en a dégradé neuf vendredi soir, privant notamment la France pour la première fois de la note maximale AAA.
Mais la tourmente ne s'est pas produite lors la réouverture des Bourses mondiales lundi, les marchés ayant largement anticipé la dégradation.
Mardi au moment de l'annonce de SP, la baisse des notes des entreprises publiques a laissé les investisseurs de marbre: à la Bourse de Paris, ADP a terminé sur une nette hausse de 2,06% à 55,89 euros, tandis qu'EDF a terminé en hausse de 1,15% à 18,02 euros, dans un marché en hausse de 1,40%.
La note A+ d'EDF et de RTE est assortie d'une perspective stable, tandis que les notes A+ d'ADP et AA de la SNCF sont sous perspective négative. Les notes AA+ de RFF, de la Cades, de l'Unedic et de l'AP-HP ont également une perspective négative.
"L’évolution de la note de RFF n’impacte pas les péages 2012 et 2013 et ne devrait pas avoir d’impact immédiat pour RFF, compte tenu du niveau actuel des taux d’intérêts", a réagi le groupe dans un communiqué.