ANALYSE – Les pays émergents pâtissent de la récession dans la zone euro et du marasme économique aux États-Unis, car ils dépendent encore trop de leurs exportations dans les pays développés. Mais dans les prochaines années, les marchés émergents seront beaucoup moins dépendants et deviendront même le moteur de l’économie mondiale.
Voilà l’une des conclusions des Perspectives économiques mondiales et le rôle des marchés émergents présentés par la Banque HSBC Canada, jeudi soir à Montréal, devant un auditoire d’investisseurs et de gens d’affaires.
En 2000, les pays émergents représentaient 19% de l’économie mondiale. En 2016, ce sera environ 42%. «Il s’agit là d’un changement majeur dans une courte période de temps», souligne Leo Abruzzese, directeur des prévisions mondiales pour l’Economist Intelligence Unit (EIU), une division du groupe The Economist.
Ce n’est pas tout. Dans quatre ans, les ventes au détail dans les économies émergentes auront même dépassé celles dans les 10 pays les plus industrialisés de la planète (incluant le Canada, les États-Unis, la France et l’Australie) à plus de 10 000 milliards de dollars américains.
À elle seule, la Chine sera – elle l’est déjà – une formidable source de demande pour toute sorte de biens et de services. Au chapitre de l’urbanisation, les prévisions donnent tout simplement le vertige.
De 2010 à 2030, pas moins de 297 millions de Chinois délaisseront la campagne pour s’installer en ville, ce qui représente à peu près la population des États-Unis… «Sur 20 ans, c’est comme si la Chine construisait chaque mois l’équivalent d’une ville comme Dallas » fait remarquer David Watt, économiste en chef à HSBC Canada.
La demande en matières premières, en biens et en services pour intégrer tous ces habitants dans les villes chinoises sera immense.
L’Inde, la deuxième économie émergente de la planète, aura aussi des besoins importants en infrastructures, sans parler du Brésil. Ce pays est d’ailleurs le deuxième marché où Ivanhoé Cambridge, le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec, investit dans le monde après le Canada. La société d’État y a investi 6,6% de ses actifs comparativement à 75,4% au Canada.
«C’est un pays où la classe moyenne progresse rapidement», dit Claude Sirois, vice-président investissement commercial et marchés émergents chez Ivanhoé Cambridge.
De 2005 à 2009, près de 30 millions de personnes ont joint les rangs de la classe moyenne, soit presque l’équivalent de la population canadienne.
D’autres pays émergents sont à suivre, comme les Philippines. Ce pays asiatique est aujourd’hui la 27e économie en importance de la planète. En 2050, le pays sera au 20e rang, selon The World in 2050, une étude publiée en janvier par HSBC.
De plus, dans une quarantaine d’années, 19 des 30 plus importantes économies seront les pays que nous appelons aujourd’hui «émergents». À ce moment-là, le top 10 sera composé (en ordre de PIB) de la Chine, des États-Unis, de l’Inde, du Japon, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, du Brésil, du Mexique, de la France et du Canada.