La nouvelle grappe en transport et logistique Cargo Montréal compte parmi ses membres la filiale d’une multinationale suisse, Panalpina Welttransport, qui vient d’être sanctionnée pour avoir participé à un cartel d’expéditeurs de fret aérien.
Le 18 décembre, la Commission de la concurrence (COMCO), un régulateur suisse, a infligé une sanction de 6,2 millions de francs suisses (6,6 M$CA) à quatre transitaires internationaux, dont Panalpina. À elle seule, cette dernière doit payer 3,1 M de FS ou 3,3 M$CA.
Les autres expéditeurs de marchandises punis sont Agility Logistics International BV, Deutsche Bahn AG/Schenker ainsi que Kühne + Nagel International AG. Ces trois entreprises ne sont pas membres de Cargo Montréal. Lancé officiellement le 18 décembre, cet organisme compte une vingtaine de membres, dont le Port de Montréal, Robert Transport et le Canadien National.
La filiale canadienne de Panalpina n’est pas impliquée dans ce cartel d’expéditeurs de fret aérien. Les faits sanctionnés par la COMCO se sont déroulés en Europe et aux États-Unis.
L’enquête ouverte par les autorités suisses, en octobre 2007, a démontré que les quatre transitaires ont fixé et coordonné certains frais et surtaxes dans le domaine de l’expédition internationale de fret aérien.
La COMCO a amorcé cette enquête à la suite de l’autodénonciation de Deutsche Post AG/DHL, qui participait aussi à ce cartel. Cette entreprise a bénéficié d’une immunité totale d’amende en se dénonçant à la COMCO.
Même si la filiale canadienne n’a pas pris part à ce cartel, le fait que le nom de la maison mère soit associé à Cargo Montréal fait grincer des dents certains acteurs de l’industrie montréalaise du transport et de la logistique contactés par Les Affaires.
«Ç’a créé un malaise dans le milieu», affirme un consultant qui préfère garder l’anonymat. Une autre source de l’industrie, qui souhaite aussi taire son identité, souligne que cette situation est embarrassante pour Cargo Montréal. Malgré tout, ce gestionnaire croit que Panalpina peut demeurer au sein de Cargo Montréal puisque la filiale canadienne n’est pas visée pas les sanctions infligées en Europe par les autorités suisses.
Sans dire que cette situation créée un malaise, le directeur général Cargo Montréal, Mathieu Chabonneau, indique que la question sera sans doute soulevée lors du prochain conseil d’administration de l’organisme.
Cela dit, il ne voit pas de problème à ce que la filiale canadienne du groupe suisse fasse partie de la grappe. « De prime abord, je ne pense pas que cette activité [la participation à un cartel] affecte la totalité des activités de Panalpina», dit-il, en expliquant que l’expertise de l’entreprise en matière logistique est pertinente pour Cargo Montréal.
Au siège social de la multinationale à Bâle en Suisse, on défend bec et ongle la participation du transitaire à la nouvelle grappe montréalaise.
«Toutes les activités en question ont pris fin en 2007, affirme dans un courriel le porte-parole Rainer Weihofen. Panalpina Canada et la direction canadienne n’ont pas été impliqués dans ces activités en Suisse ou à l’extérieur de la Suisse.»
De plus, depuis 2007, la multinationale affirme avoir fait implanter des programmes pour prévenir tout futur «comportement inapproprié».
Outre la COMCO, la Commission européenne et le ministère de la Justice aux États-Unis ont aussi enquêté et sanctionné le comportement des transitaires de fret aérien pour fixation de prix, entre 2003 et 2007.
Au Canada, Panalpina n’a jamais été sanctionnée pour des activités de Cartel, selon le Bureau de la concurrence. Le porte-parole Phil Norris n’a pas pu dire si l’organisme enquêtait actuellement sur les activités de Panalpina au pays.
En 2011, la multinationale Panalpina a réalisé des revenus totaux de 6,5 milliards de francs suisses (6,9 G$CA).