Fort de sa remontée dans les sondages face à Barack Obama, le républicain Mitt Romney opérait mercredi dans l’État clé de l'Ohio (nord) un net recentrage de sa campagne, dans une tentative de mobiliser l'électorat centriste et féminin.
Après avoir passé la totalité de la campagne en seconde position, Mitt Romney se retrouve pour la première fois en tête de plusieurs sondages, une remontée qui semble être due à une prestation jugée réussie au débat télévisé du 3 octobre, à Denver dans le Colorado (ouest).
«Toute ma passion est au service des Américains en difficultés», a déclaré le candidat après une visite d'usine à Mount Vernon. «Le président dit qu'il est pour la classe moyenne. Mais comment s'en est-elle sortie sous son mandat? Pas si bien».
La moyenne des six derniers sondages lui accorde 0,8 point d'avance sur le président, un écart inférieur à la marge d'erreur mais jamais observé jusqu'à présent.
Son rival démocrate Barack Obama a admis mercredi qu'il avait été «trop poli» lors du débat de Denver. Et souligné qu'il comptait bien rebondir au cours des quatre semaines qui restent avant l'élection du 6 novembre.
«Nous allons leur rentrer dedans», a promis Barack Obama mercredi sur une radio, dans un effort de remobilisation de sa base après son piteux débat de Denver.
Mitt Romney avait profité du face-à-face de Denver pour commencer ce recentrage, promettant par exemple que certaines clauses de la réforme Obama sur la santé seraient conservées et qu'il ne réduirait pas le budget de l'éducation.
Le républicain a aussi admis ces derniers jours que ses propos sur les 47% d'Américains avec une mentalité de «victimes» parce qu'ils ne payaient pas d'impôts étaient «complètement incorrects».
Il a également insisté sur la nécessité de plafonner les niches fiscales en particulier pour les plus riches.
«Tout et n'importe quoi»
Mais mardi soir, le républicain a provoqué la surprise en déclarant ne pas avoir «connaissance d'un projet de loi sur l'avortement qui ferait partie de (son) programme», dans un quotidien de l'Iowa (centre), Des Moines Register.
L'annonce a fait bondir l'équipe de campagne de Barack Obama.
«Nous savons que Mitt Romney dira tout et n'importe quoi pour gagner, à seulement 26 jours de l'élection il dissimule cyniquement ses positions», a réagi Stephanie Cutter, directrice adjointe de la campagne Obama, mercredi dans une conférence téléphonique.
La déclaration de Mitt Romney tranche avec ses prises de position répétées contre l'avortement sauf en cas de viol, d'inceste et de danger pour la vie ou la santé de la mère.
Romney s'était escrimé, durant toute la période des primaires, à rassurer la base républicaine sur le fait qu'il était l'un des leurs. Ses positions centristes, et clairement pro-avortement, dans les années 1990 appartiennent au passé, selon lui.
Le républicain a d'ailleurs promis de nommer des juges anti-avortement à la Cour suprême, dans l'espoir de revenir sur la décision historique dans l'affaire «Roe contre Wade», en 1973, qui avait légalisé l'avortement dans tous les Etats américains.
Une de ses porte-parole a même précisé mardi dans un message au journal National Review que M. Romney soutiendrait «toute législation visant à fournir une plus grande protection pour la vie».
Le retard de Mitt Romney sur Barack Obama au sein de l'électorat féminin dans les sondages pourrait expliquer ce réalignement vers le centre, surtout dans des États comme l'Ohio ou l'Iowa, très disputés et quasi-indispensables à une victoire le 6 novembre.
L'institut Gallup accorde actuellement une avance de 12 points au président sortant parmi les électrices américaines.