Arpentez le campus du Massachusetts Institute of Technology (MIT), une des meilleures universités en sciences du monde, et vous croiserez à coup sûr des étudiants en sciences qui comptent parmi les plus brillants de la planète. Car le MIT, c'est l'institution phare de la grappe des sciences de la vie du Massachusetts, la « grappe des cerveaux », selon François Lebrun, ancien délégué du Québec à Boston.
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Bien plus qu'une institution d'enseignement, le MIT est un carrefour entre des chercheurs en sciences de la vie, des entreprises pouvant commercialiser leurs découvertes et des financiers qui injectent des millions de dollars pour faire d'une brillante idée un médicament sauvant des vies. Ce modèle est la norme au Massachusetts, ce qui fait la force de cette grappe.
« Notre industrie est unique par sa taille, sa profondeur, la présence de centres de recherche et d'entreprises pharmaceutiques, sans parler des fabricants d'équipements médicaux », raconte Peter Abair, directeur développement des affaires du Massachusetts Biotechnology Council (MassBio).
Ensemble, les membres de MassBio - y compris les équipementiers - achètent pour 55 millions de dollars par an.
Des centres de recherche pleins de ressources
Pour le Québec, dont la grappe en biotechnologie est beaucoup plus modeste, la présence de cette industrie à moins de six heures de route de Montréal est une chance inouïe : les institutions et les entreprises de la région de Boston ont des besoins importants.
« Le Québec peut conclure plus d'affaires au Massachusetts », confie d'ailleurs Fernando Quezeda, président du Biotech Center of Excellence Corporation, un organisme voué au transfert techonologique, attablé dans un café de Cambridge. Les collaborations potentielles entre le Québec et le Massachusetts sont nombreuses. Bien entendu, on pense aux projets en recherche de pointe. En 2009, plus de 2 200 médicaments étaient en développement au Massachussetts, selon MassBio. Une mine de ressources accessibles aux institutions et aux centres de recherches québécois.
« Ils peuvent même réaliser des recherches ici », dit Susan Windham-Bannister, pdg du Massachusetts Life Sciences Center, une société d'État qui investira un milliard de dollars pour stimuler le développement de la grappe d'ici 2018.
Les manufacturiers d'équipementiers médicaux veulent réduire leurs coûts
Des occasions, il y a en a aussi dans la vente de biens et de services. Le secteur de la fabrication d'équipements médicaux - le troisième en importance aux États-Unis après la Californie et le Minnesota - est un bon exemple.
Cette industrie, qui compte dans ces rangs des fabricants comme Hologic ou Fresenius Medical Care, produit entre autres des appareils de diagnostic, des instruments chirurgicaux ou de l'équipement électronique. " Nos entreprises ont besoin de composants électroniques et informatiques à bon prix, et même de ressorts ", dit Tom Summer, président du Massachusetts Medical Device Industry Council (MassMEDIC).
Selon lui, les consultants peuvent aussi tirer profit de ce marché : les manufacturiers d'équipements médicaux sont toujours à la recherche de solutions pour améliorer leur productivité, notamment en R-D, où ils injectent 15 % de leurs revenus.
Les équipementiers québécois peuvent aussi vendre directement leurs produits aux hôpitaux de l'État, comme au Massachusetts General Hospital ou au Boston Medical Center. Mais la concurrence est vive : les fabricants du Massachusetts et d'autres États américains sont déjà très présents sur le marché. C'est de bonne guerre, confie Tom Summer : « Nos entreprises exportent au Canada; les entreprises québécoises peuvent aussi vendre leurs produits ici ! »
Vendre aux grosses pharmaceutiques
Nos entreprises pharmaceutiques peuvent tenter leur chance sur le marché des médicaments. Là aussi, toutefois, la concurrence est vive, particulièrement en ce qui concerne la vente au détail. C'est d'ailleurs pourquoi la montréalaise Laboratoires Paladin (qui distribue entre autres l'Antizol aux États-Unis) préfère cibler les marchés émergents, où ses chances de succès sont meilleures. La vente de biens et services aux géants pharmaceutiques installés au Massachusetts, comme Sanofi-Aventis, Pfizer ou Johnson & Johnson, est peut-être plus accessible aux entreprises québécoises. « Des occasions, il y a en partout », confirme Abigail Barrow, directrice du Massachusetts Technology Transfer Center.
Ces entreprises ont des besoins de tous ordres : la gestion des déchets biomédicaux et chimiques, l'entretien d'équipements de laboratoire, l'approvisionnement en équipements médicaux, l'achat de matériel de bureau, sans parler des technologies de l'information.