Le géant minier anglo-australien BHP Billiton a annoncé mercredi un bénéfice net en chute de 35% sur l'exercice 2011/2012 sous l'effet du recul des prix des matières premières, lié au fléchissement de la demande chinoise, et décidé de geler plusieurs projets de développement.
Le bénéfice net part du groupe est ressorti à 15,4 milliards de dollars américains (12,3 milliards d'euros) sur l'exercice 2011/2012, clos le 30 juin.
En 2010/2011, BHP, profitant de l'énorme appétit chinois pour l'acier et le charbon extrait des sous-sols australiens, avait dégagé un bénéfice net de 23,6 milliards, le plus gros bénéfice jamais enregistré par une société du secteur minier.
Son chiffre d'affaires est resté quasi stable (+0,7%) lors de la période sous revue, à 72,2 milliards de dollars, alors que les cours n'ont cessé de décliner. Dans l'intervalle, les dépenses de fonctionnement, elles, n'ont cessé d'augmenter.
Début août, son rival également anglo-australien, Rio Tinto, avait fait état d'une baisse de 25% de son bénéfice net au premier semestre du fait du tassement de la croissance chinoise.
Billiton a ainsi imputé ses difficultés à "la faiblesse des marchés de matières premières et à la pression sur les coûts" qui ont fait plier le résultat brut d'exploitation de 9%, à 33,7 milliards de dollars, et conduit au report d'investissements programmés et provisionnés --avant la crise-- à hauteur de dizaines de milliers de dollars.
"Des coûts plus élevés, hors inflation, la volatilité des changes et des éléments non financiers, ont réduit le résultat d'exploitation (Ebit) de 2,7 milliards de dollars", a souligné le groupe.
Le déclin des prix de marché, plus marqué pour Billiton dans les métaux de base et le minerai de fer, représente plus des deux tiers de ce total, la hausse des coûts du travail et de sous-traitance comptant pour le tiers restant.
BHP a actuellement 20 projets en cours, représentant près de 23 milliards d'investissements, et tout son capital est mobilisé pour l'exercice suivant: tous les projets d'infrastructures de plus de 10 milliards, comme par exemple la construction d'un port dans l'ouest de l'Australie, sont par conséquent gelés.
De ce fait, l'extension du site de Peak Downs, dans le Queensland (nord-est), qui devait produire 2,5 millions de tonnes de coke supplémentaires à partir de 2014, a été "indéfiniment" repoussée.
Billiton a également précisé chercher "une alternative" au développement de sa principale mine en Australie, Olympic Dam (sud), qui exploite de l'or, du cuivre et de l'uranium.
Le PDG Marius Kloppers, qui a renoncé à son bonus pour l'exercice, a prévenu que toute unité non-rentable à moyen terme serait fermée ou vendue.
Le géant minier anglo-australien BHP Billiton a par ailleurs déprécié sur la période de plusieurs milliards de dollars US ses actifs dans le gaz de schiste aux États-Unis, achetés seulement l'an dernier, en raison d'une baisse des prix du gaz naturel, et dans le nickel en Australie.
Le groupe s'attend à une volatilité accrue des prix et de la demande à court terme du fait d'une conjoncture défavorable dans la construction et l'industrie de transformation sur tous ses marchés.
Les conditions devraient toutefois changer sensiblement au début de l'année fiscale 2013 grâce à des mesures de stimulation économique, en particulier en Chine, affirme-t-il.
Les résultats de BHP Billiton, qui n'a pas exclu "un impact sur l'emploi dans certaines régions" d'Australie, constituent un coup dur pour l'industrie minière dans le pays, a estimé mercredi le ministre australien des Ressources naturelles.
"En termes de nouveaux investissements, ça va être compliqué à l'avenir", a prévenu Martin Ferguson, cité par l'agence DowJones Newswires.