Le Canada n’est pas assez actif en Asie, ce qui l’empêche de profiter pleinement de la formidable croissance économique dans cette région du monde.
C’est l’un des messages qu’a livrés mercredi Dominic Barton, directeur général mondial du cabinet en gestion McKinsey & Company, lors d’une tribune organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
Par rapport à des pays comme les Pays-Bas ou l’Australie, le gouvernement canadien et les entreprises canadiennes ne tissent pas suffisamment de liens en Asie, notamment Chine.
Dans un entretien avec Les Affaires après sa conférence, Dominic Barton a indiqué que cette situation n’était pas catastrophique, mais qu’il y avait néanmoins un prix à payer. «Le Canada se prive de plusieurs occasions d’affaires», dit-il.
Bien entendu, plusieurs entreprises canadiennes se démarquent notamment en Chine, comme Bombardier et BMO Groupe financier. Mais selon Dominic Barton, nos sociétés pourraient profiter davantage de la croissance asiatique si le gouvernement canadien se rapprochait davantage des gouvernements asiatiques.
Lors de sa conférence, il a donné les exemples des gouvernements américain et allemand, qui jouent un rôle clé pour appuyer leurs secteurs stratégiques, comme l’aéronautique, à décrocher des contrats en Asie.
Par exemple, la Chine a déjà par le passé commandé des avions auprès de Boeing pour une valeur de 19 milliards de dollars américains à la suite de négociations entre Washington et Beijing.
La même chose s’est produite avec Airbus. La Chine lui a acheté 50 appareils pour une valeur 4 G$US lors d’une visite de la chancelière allemande Angela Merkel.
Selon Dominic Barton, le Canada a tout intérêt à s’inspirer de pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Australie. Par exemple, le premier ministre néerlandais et des gens d’affaires se rendent plusieurs fois par année en Chine pour inciter des entreprises chinoises à implanter leur siège social européen à Amsterdam.
Pour sa part, l’Australie attire beaucoup d’étudiants chinois sur son territoire. Une future élite chinoise qui tisse des liens avec la prochaine génération de leaders australiens. Enfin, les réseaux que les entreprises allemandes ont développés en Chine au fil des décennies peuvent aussi être une source d’inspiration.
À vrai dire, le Canada n’a pas vraiment le choix d’être plus proactif en Asie. Si Ottawa tarde trop à corriger le tir, notre pays risque d’être dépassé par nos concurrents commerciaux en Chine et dans l’ensemble de l’Asie, souligne Dominic Barton.
Or, les occasions d’affaires sont immenses sur ce continent, notamment au chapitre des infrastructures. Par exemple, en 2010, 44% des habitants en Asie vivaient dans une région urbaine. En 2025, ils seront 53%.
En Chine seulement, des villes sont devenues des marchés aussi importants que des pays. Par exemple, en 2010, le PIB de l’agglomération de Shanghai était équivalent à celui de la Suisse, à 527 G$US.