ANALYSE – La récente visite au Canada du président mexicain élu, Enrique Pena Nieto, a eu peu d’échos dans les médias québécois. Pourtant, le Mexique est un partenaire clé pour le Québec. Or, les politiciens et les gens d’affaires parlent la plupart du temps que des pays du BRIC et semblent négliger ce pays qui pourrait devenir la huitième économie de la planète en 2050 (la quatorzième aujourd’hui), selon la Banque HSBC.
En 2011, le Mexique était notre septième marché d’exportation de marchandises. Les entreprises québécoises y expédient notamment des alliages d’aluminium, des avions et leurs parties. Depuis cinq ans, les exportations québécoises à destination du Mexique sont en forte croissance. Entre 2007 et 2011, elles sont passées de 668 millions à un milliard de dollars, soit une hausse de 50%.
Dans les pays du BRIC, nos exportations ont été multipliées par deux sur la même période. Seulement en Chine, elles ont bondi de 144% - ce pays est d’ailleurs devenu notre deuxième marché d’exportation. Les besoins en biens et en services sont tout simplement sans limites dans les pays du BRIC, sans parler de leur dynamisme économique. C’est ce qui explique l’explosion de nos exportations dans ces marchés.
Cela dit, le bond de 50% des expéditions québécoises au Mexique depuis cinq ans est aussi exceptionnel, alors qu’elles ont reculé de 18% aux États-Unis sur la même période. Le portrait n’est guère mieux dans l’ensemble des pays du G8, en incluant la Russie. Entre 2007 et 2011, les exportations du Québec y ont reculé de 16%.
Au septième rang aujourd’hui, le Mexique deviendra inévitablement un marché d’exportation plus important pour le Québec dans les prochaines années, compte tenu de l’augmentation rapide de nos expéditions dans ce pays de 115 millions d’habitants (129 millions en 2050, selon HSBC).
Par exemple, le Royaume-Uni est notre sixième marché d’exportation, mais nous y expédions seulement 243 M$ de plus de marchandises qu’au Mexique, en 2011. Dans le cas de l’Allemagne (notre troisième marché d’exportation), la différence est de l’ordre du demi-milliard.
Bien entendu, le futur accord de libre-échange avec les 27 pays de l’Union européenne stimulera les exportations québécoises à destination du vieux continent. Mais il ne faut pas non plus s’attendre à des miracles. Par rapport à 2007, nos exportations de marchandises sont en baisse de 10%, même si elles ont repris de la vigueur en 2011.
Outre son dynamisme économique, le Mexique offre aussi de nombreux avantages aux exportateurs québécois.
Le Mexique est l’un des pays membres de l’ALENA. C’est un État de droit, malgré les violences liées à la guerre de la drogue. La culture d’affaires y est certes unique, mais elle s’inscrit aussi dans une culture d’affaires nord-américaine, caractérisée par un grand pragmatisme.
L’espagnol – la langue des affaires au Mexique - est une langue bien connue au Québec. C’est la seconde langue enseignée dans nos écoles après l’anglais. Enfin, les entreprises et les consommateurs du Mexique évoluent sensiblement dans les mêmes fuseaux horaires qu’au Canada.