ANALYSE - La montée en puissance de la Chine bouleverse la géopolitique mondiale. Mais attention, les États-Unis sont loin d'être déclassés, car ils seront toujours la première économie en 2030, selon les prévisions du ministère américain de l'Agriculture (USDA).
Cette récente prévision devrait rappeler aux investisseurs que le marché américain regorge et regorgera encore d'innombrables occasions d'investissement à long terme, malgré la montée de la Chine et des autres économies émergentes.
Ainsi, en 2030, le PIB des États-Unis s'établira à 24 800 milliards de dollars américains (G$), tandis que celui de la Chine s'élèvera à 22 200 G$, selon le USDA.
Cet écart de 2 600 G$ représente exactement la taille qu'aura l'économie canadienne en 2030. L'avance des États-Unis sur la Chine demeurera donc importante, même dans 15 ans.
Selon le USDA, le Canada sera d'ailleurs le neuvième économie en 2030 (il est la onzième actuellement, selon le Fonds monétaire international et la Banque Mondiale).
Voici le top 10 des économies en 2030, selon le USDA:
-États-Unis 24 800 G$
-Chine 22 200 G$
-Inde 6 600 G$
-Japon 6 400 G$
-Allemagne 4 500 G$
-Brésil 4 000 G$
-Royaume-Uni 3 600 G$
-France 3 300 G$
-Canada 2 600 G$
-Russie 2400 G$
Pourtant, la montée en puissance de la Chine fascine autant qu'elle fait peur.
En décembre, la nouvelle selon laquelle le PIB chinois calculé selon la parité du pouvoir d'achat (une mesure qui tient compte de ce que permettent d'acheter localement les devises) a surpassé le PIB américain a créé une onde de choc.
Aux yeux de plusieurs économistes, ce n'est qu'une question de temps avant que l'économie chinoise ne dépasse l'économie américaine en PIB nominal.
Mais selon le USDA, cet échéancier est encore bien loin.
Il faut dire que les États-Unis ont une formidable économie, qui est capable d'innover et qui est dotée d'une culture entrepreneuriale sans pareil dans le monde. De plus, sa population augmente sans cesse.
Le pays abrite aussi les meilleures universités et des grappes industrielles dynamiques, au premier chef la Silicon Valley, dont aucun pays n'a encore réussi à reproduire l'effervescence technologique.
Pourquoi la Chine est un dragon aux pieds d'argile
La Chine a aussi bien entendu ses forces.
Ses entreprises innovent de plus en plus, et elles sont maintenant présentes dans des secteurs à haute valeur ajoutée tels que les télécommunications, l'informatique, le design industriel et les services financiers, sans parler de l'aéronautique.
Le yuan, la devise chinoise, est aussi de plus en plus utilisée dans les échanges économiques et financiers internationaux.
Mais la croissance économique du pays ralentit.
De 1989 et 2014, le PIB chinois a augmenté en moyenne de 9,1% par année, selon le National Bureau of Statistics of China. Mais en 2015, il devrait progresser de 7%, selon l'Economist Intelligence Unit.
De plus, la Chine a trois problèmes structurels, selon une récente étude du Conference Board (The Long Soft Fall in Chinese Growth), qui prévoit même que la croissance du PIB chinois chutera à environ 4% après 2020.
-La population diminue.
-La productivité chute.
-Et le rendement de l'investissement décline depuis une trentaine d'années.
Cela dit, il n'est pas impossible que l'économie chinoise surpasse un jour celle des États-Unis en terme de PIB nominal. Mais attention aux prévisions qui déclassent trop rapidement les États-Unis.
Dans les années 1980, plusieurs économistes, gens d'affaires et décideurs politiques affirmaient que le Japon surpasserait un jour les États-Unis.
On connaît la suite...