Un marché de 1,3 milliard de consommateurs, dont 175 millions de clients potentiels pour les produits de luxe. La Chine est l'Eldorado émergent du luxe mondial. L'industrie canadienne de la fourrure part à sa conquête, rejoignant des précurseurs comme Dior, Channel et Louis Vuitton.
Après avoir mis en marché les collections canadiennes aux États-Unis et en Russie, le Conseil canadien de la fourrure (CCF) a basé son offensive en terre chinoise sur un constat fort simple : les " nouveaux riches " chinois se méfient des produits fabriqués chez eux.
" Si on offre un produit importé, on a une importante valeur ajoutée. Si on garantit aux clientes qu'elles ne vont pas se retrouver avec trois autres personnes portant la même fourrure lors d'un cocktail, c'est encore mieux ", souligne Teresa Eloy, conseillère en communications-marketing, chargée par le CCF du branding de la fourrure canadienne et du développement des exportations dans les marchés émergents.
Sous l'étiquette Beautifully Canadian, une dizaine de designers canadiens vendent présentement leurs manteaux de fourrure chez White Collar, une chaîne comptant 50 boutiques haut de gamme en Chine.
Les Chinois sont prêts à payer plus
Le marché chinois du luxe explose. En témoignent les prix : un manteau de fourrure dont le prix de gros est de 5 000 $ au Canada coûtera en Chine environ 25 000 $, y compris les taxes douanières d'environ 30 %. " Nous prenons le contrepied de l'industrie chinoise qui n'est basée que sur le volume. Nos produits coûtent cher, mais nous ne faisons que de petites quantités ", explique Mme Eloy.
Michèle Beaudoin, professeure à l'École supérieure de mode de Montréal (ESMM) de l'UQAM, souligne que l'appétit des Chinois pour le luxe et les logos représentent l'avantage numéro un. " Une femme chinoise est prête à payer un mois de salaire pour s'acheter un sac à main griffé ", illustre Mme Beaudoin.
Les commandes reçues sous l'étiquette Beautifully Canadian ont augmenté de 20 % cet hiver par rapport à l'an dernier pour le designer montréalais Fourrures Naturelles. " Les Chinois sont prêts à payer plus, mais ils cherchent le meilleur ", explique Christina Nacos, directrice de création de l'entreprise.
Avec plusieurs millions de dollars de ventes, Beautifully Canadian est en train de signer un deuxième accord de distribution en Chine, cette fois avec Kevin Kelly, qui compte 400 boutiques spécialisées dans la mode masculine.
Réunir d'autres produits de mode autour des fourrures et ouvrir des boutiques griffées Beautifully Canadian dans les grandes villes chinoises serait la suite de la stratégie du CCF.
Cependant, après avoir approché plusieurs designers, Mme Eloy constate deux grands défis à surmonter : les entreprises canadiennes ont peu de moyens financiers pour faire du marketing et celles qui ne manquent pas d'argent craignent de prendre des risques.