ANALYSE - La nouvelle publiée dans le Financial Times est pratiquement passée inaperçue ici. La Chine pourrait se doter d'un système de plafonds d'émissions de gaz à effet de serre (GES) dans son prochain plan quinquennal (2016-2020). Un projet qui forcerait les entreprises en affaires dans ce pays à revoir leurs procédés de production.
La Chine émet actuellement le quart des émissions mondiales de dioxydes de carbone. Ce qui en fait le plus grand émetteur de GES du monde, devant les États-Unis, en terme absolu (et non pas par habitant).
Depuis des années, le gouvernement chinois résiste aux pressions internationales pour réduire ses émissions. L'argument de la Chine et des autres économies émergentes?
Les pays développés sont responsables de la plupart des rejets de GES dans l'atmosphère depuis le début de l'ère industrielle. C'est donc à eux de faire les efforts substantiels de réduction, d'autant plus que les économies émergentes doivent encore s'industrialiser et sortir leur population de la pauvreté.
Une position légitime, mais qui incite certains pays comme les États-Unis et le Canada à ne rien faire de vraiment sérieux pour réduire leurs émissions. Pourquoi l'Occident et le Japon s'efforceraient de réduire leurs rejets nocifs sachant que leurs interventions seraient pratiquement annulées par des émissions incontrôlées dans les pays émergents?
La donne est cependant en train de changer. Désormais, la croissance économique à tout prix n'est plus LA priorité des autorités chinoises. Elle demeure une priorité qui cohabite avec une nouvelle priorité, la protection de l'environnement.
Et à ce chapitre, un tournant a peut-être été franchi en début d'année, au moment où des épisodes de smog extrême ont affecté le nord-est du pays.
Un enjeu politique
Un enjeu politique
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à 25 microgrammes le niveau acceptable pour la santé humaine de particules fines qu'on peut trouver par mètre cube d’air. Or, en janvier, la concentration a frôlé les 1 000 microgrammes dans le nord et l’est du pays, incluant Pékin.
Des milliers de personnes ont du être hospitalisés durant cette période. La situation était à ce point alarmante que l’épais brouillard chargé de particules a perturbé les transports routiers. Des vols ont même été annulés dans les aéroports.
Même si ces épisodes de pollution extrême en début d'année n'ont rien à voir avec les GES (qui se fixent dans la haute atmosphère), ils ont néanmoins marqué les esprits en Chine. Bref, la protection de l'environnement est devenue un enjeu politique, des émissions de polluants atmosphériques aux émissions de GES.
Ce projet d'imposer des plafonds de rejets de gaz à effet de serre dans le prochain plan quinquennal s'inscrit donc dans ce contexte, disent les analystes. Du reste, les autorités chinoises sont sans doute conscientes que la stabilité du climat de la planète est aussi dans l'intérêt de la Chine.
Ce changement de politique attendu dans le prochain plan quinquennal exercera une pression sur les pays développés qui se traînent encore les pieds pour réduire leurs émissions de GES. Pour leur part, les entreprises chinoises et étrangères en Chine devront investir en efficacité énergétique et dans les technologies propres.
Un effort d'autant plus grand que cet éventuel système de plafonds d'émissions pourrait porter sur des cibles de réduction absolue et non pas par intensité. La nuance est importante.
Des réductions absolues représentent de vraies réductions de GES en terme de quantité. Bref, il s'agit d'un gain réel pour l'environnement.
En revanche, des réductions d'intensité sont des réductions de GES, mais par unité de production. Par conséquent, une entreprise peut fort bien diminuer ses rejets, tout en continuant d'augmenter ses émissions totales en raison de la hausse de sa production.