Les discussions entre le Canada et l'Inde quant à un possible accord de libre-échange ont débuté. Les deux pays ont annoncé la nouvelle à l'occasion du sommet du G20, qui se déroule à Séoul, en Corée du Sud. Le Canada et l'Inde planchent sur l'idée d'un accord de libre-échange depuis quelques années déjà.
Au mois de septembre, une étude révélait qu'un tel accord serait profitable pour les deux gouvernements. Le document indiquait que l'accord de libre-échange augmenterait la production annuelle de chaque pays d'environ 6 milliards $ et accroîtrait les accords bilatéraux de 50 pour cent.
On y soulignait toutefois que de possibles problèmes étaient à prévoir quant aux négociations. Le Canada souhaite habituellement inclure des clauses préservant les normes du travail et de l'environnement, alors que l'Inde préfère les ententes commerciales qui ne comportent pas de telles contraintes.
Les échanges commerciaux entre les deux pays ne sont pas importants pour l'instant, mais l'économie indienne, en pleine émergence, devrait bientôt devenir la troisième économie mondiale.
Aucun calendrier n'a été fixé quant à cet accord.
Les relations entre les deux pays n'ont pas toujours été des plus cordiales. Le Canada s'est montré réticent à commercer avec un État ayant des activités nucléaires. Les deux pays ont toutefois signé une entente nucléaire en juin, un pacte que le premier ministre indien, Manmohan Singh, a qualifié de "profond changement" dans leurs relations.
Le Canada devrait néanmoins s'attendre à de difficiles négociations pour conclure cet accord, selon Daniel Schwanen, expert en commerce international au Centre pour les innovations internationales de gouvernance de Waterloo, en Ontario.
L'Inde est un partenaire commercial recherché et le Canada devra être prêt à lui ouvrir ses frontières et ce, sans contraintes, a-t-il déclaré.
Ottawa a souvent vanté ses accords de libre-échange, mais l'expert souligne qu'ils ont été conclus avec de plus petits joueurs économiques. Selon lui, l'expérience avec l'Inde sera différente.
Le Canada a connu des difficultés par le passé en matière d'accords de libre-échange en Asie. Les négociations pour une telle entente avec la Corée du Sud ont échoué, en raison d'exigences irréconciliables. Les discussions avec Singapour ont quant à elles sombré dans l'oubli.
Ottawa a également été mis de côté dans l'accord de libre-échange des pays du Pacifique (TPP). L'entente, réunissant à ses débuts une poignée d'États seulement, fait désormais l'envie des partisans du libre-échange. La file d'attente pour y accéder se rallonge, surtout depuis que les États-Unis s'y sont joints. Washington souhaite ainsi s'assurer que la Chine ne deviendra pas l'acteur économique principal en Asie.
Le premier ministre Stephen Harper sera au Japon ce week-end, afin de rencontrer neufs dirigeants de pays asiatiques et leur demander que le Canada puisse revenir à la table des négociations.
Il n'a toutefois pas indiqué qu'il mettrait de côté la protection d'Ottawa quant à la gestion de l'offre des industries laitières et de la volaille. Le Canada avait déjà refusé d'intégrer le TPP par le passé parce qu'il ne voulait pas renoncer à cette politique.