Relisez le portrait de Jean-Guy Desjardins, président de Fiera Sceptre, que Les Affaires avait publié dans son édition du 24 septembre 2011.
Jean-Guy Desjardins est très ambitieux. Il fait partie des rares financiers québécois à oser s'implanter sur le marché américain. Sa société de gestion de placements indépendante, Fiera Sceptre (TSX, FSZ), a ouvert son premier bureau à Boston, le 12 septembre.
"Nous avons capitalisé ce projet pour trois ans. Nous sommes donc là au moins jusqu'en 2014", dit le président du conseil et chef de la direction de Fiera Sceptre.
Jean-Guy Desjardins ne s'attend pas à ce que ce nouveau bureau américain, qui emploie cinq personnes, dont deux professionnels en placement, soit rentable la première année. Il estime que, dans cinq ans, il arrivera à gérer des actifs de 2 milliards de dollars (G $) américains dans le marché institutionnel et la gestion privée. Au Canada, Fiera Sceptre gère des actifs de 30 G $.
"Si nous atteignons cet objectif, ce sera une bonne affaire !" confie-t-il.
Pari risqué que cette implantation ? Stephen Boland, un analyste chez GMP Securities, qui suit l'entreprise, ne le croit pas.
"Il y a peu de capital en jeu et c'est une stratégie déjà employée par cette équipe de gestionnaires dans le passé", indique-t-il, en précisant que ce bureau devra toutefois décrocher de nouveaux mandats dans les 12 à 18 prochains mois.
L'industrie de la gestion de portefeuille est immense aux États-Unis. Elle compte quelque 600 sociétés - dont les géants Vanguard, Fidelity Investments et JPMorgan Chase - qui gèrent des actifs de 10 000 G $ US, selon First Research.
La concurrence n'y est toutefois pas plus forte qu'au Canada, selon Jean-Guy Desjardins.
Trois clientèles visées
Fiera Sceptre vise trois types de clientèle sur le marché américain : les fonds de pension, les fondations et les gens fortunés, c'est-à-dire des particuliers prêts à investir plus de cinq millions de dollars.
Pour accroître ses actifs sous gestion, Fiera Sceptre y distribuera d'abord des produits de gestion qu'elle offre déjà au Canada, soit des fonds traditionnels et des fonds de couverture (hedge funds, en anglais).
Elle songe aussi à développer un fonds privé d'infrastructures aux États-Unis, comme celui qu'elle exploite déjà au sein de la coentreprise Fiera Axium Infrastructure, avec la société Gestion d'infrastructure Axium.
Enfin, Jean-Guy Desjardins envisage d'acquérir des sociétés de gestion ou de petites équipes de gestion aux États-Unis, spécialisées par exemple dans les fonds de couverture.
En juin 2010, Fiera Capital - le nom de la société à l'époque - avait acheté Sceptre Investment Counsel, une entreprise de Toronto inscrite en Bourse, par un échange d'actions.
L'équipe de Boston
Pour diriger le bureau de Boston, Fiera Sceptre a recruté deux spécialistes des marchés institutionnels et de la gestion privée.
Le premier est Peter Stock, un ancien collègue de Jean-Guy Desjardins chez TAL Gestion globale d'actifs, achetée par la Banque CIBC en 2001. Ce Canadien a déjà fait de la gestion de portefeuille pour TAL à Hong Kong. Il a travaillé à New York ces 10 dernières années.
Impossible de connaître l'identité du second professionnel, car il n'a pas encore démissionné de son poste.
Pourquoi avoir choisi Boston ? "Nous avons hésité entre Boston et New York, indique Jean-Guy Desjardins, mais nos deux professionnels préféraient la première pour sa qualité de vie."