« Nous voyons une certaine dose de panique ». A l'été 2007, le président de la Fed, Ben Bernanke, relève les premiers signes de la crise aux États-Unis, mais refuse d'agir en urgence pour conjurer toute idée d'un « plan de sauvetage », selon des transcriptions officielles publiées vendredi.
Le 16 août 2007, les dirigeants de la Fed tiennent une conférence téléphonique impromptue pour évoquer la crise des « subprime », les crédits immobiliers à risque, d'après les transcriptions des débats du Comité de politique monétaire de la Banque centrale (FMOC) pour l'année 2007.
« Les marchés financiers connaissent des tensions encore plus fortes (...) Nous voyons une certaine dose de panique », déclare Ben Bernanke, qui tenait déjà à l'époque les rênes de la Fed.
Confronté à ces « subprime » qui finiront pas faire tomber les États unis en récession, le patron de la Fed ne veut toutefois pas agir en urgence et assouplir sa politique monétaire.
« Je ne voudrais pas dire qu'une baisse des taux de la Fed est exclue mais mon sentiment personnel est que nous devrions résister à une baisse des taux jusqu'à ce qu'il soit établi (...) que ce soit nécessaire », martèle-t-il.
Le principal taux de la Fed est pourtant à l'époque de 5,25% alors qu'il fluctue aujourd'hui entre 0 et 0,25%.
Mais à l'été 2007, la Fed n'a pas encore pris la mesure de la crise qui s'annonce et ne veut pas affoler les marchés. « Je préférerais éviter de donner l'impression d'un plan de sauvetage », souligne M. Bernanke.
A l'issue de cette réunion du 16 août, la Fed décidera néanmoins de baisser son taux d'escompte, le taux d'intérêt auquel la banque consent elle-même des prêts d'une journée aux institutions financières.
« Nous faisons une chose non-conventionnelle », souligne alors M. Bernanke, qui n'est pas au bout de ses surprises.
Le 18 septembre 2007, la Fed se décidera pour la première fois depuis juin 2003 à abaisser son principal taux directeur de 5,25 à 4,75%, prélude à une série de mesures exceptionnelles contre la crise, qui n'empêcheront pas un an plus tard la chute de la banque Lehman Brothers.