Biothermica attend avec impatience le début des échanges de crédits dans le cadre de la Western Climate Initiative.
La société québécoise est l'une des rares entreprises québécoises à avoir fait du développement intégré de projets carbone dans le monde sa principale activité. Fondée en 1987, la PME d'une trentaine d'employés possède plus de 20 ans d'expérience dans le domaine du contrôle des émissions de GES.
Elle applique désormais ce savoir-faire à la destruction et à l'utilisation du méthane émis par les sites d'enfouissement et les mines de charbon, ainsi qu'à la commercialisation des crédits de carbone générés par ces activités sur les marchés internationaux.
Le plus récent projet sur la feuille de route de l'entreprise : capter, puis brûler le méthane qui sort des mines de charbon d'un important producteur aux États-Unis. L'objectif est de vendre les crédits de carbone associés aux émissions ainsi évitées sur le marché volontaire américain.
Pour ce faire, la montréalaise a formé un partenariat avec Walter Energy visant à réduire les émissions de méthane de ses mines de charbon de l'Alabama. On estime que, sur une période de 100 ans, l'effet dans l'atmosphère d'une tonne de méthane équivaut à l'effet de 21 tonnes de CO2.
Biothermica a investi cinq millions de dollars (M$) dans la mise en exploitation, prévue pour 2011, d'un premier projet d'oxydation du méthane contenu dans l'air de ventilation des mines de charbon souterraines (Ventilation Air Methane, ou VAM). Cet accord encadre la récupération et la destruction des émissions de VAM des puits de ventilation existants et à venir des mines de Walter Energy. Il permettra à la minière d'éviter l'émission d'un total de 330 000 tonnes d'équivalent CO2 par an.
"À terme, nous porterons ce volume à trois millions de tonnes par année, ce qui demandera un investissement de près de 40 millions de dollars", dit le président, Guy Drouin. "L'or noir devient de l'or vert !" se plaît-il à dire.
Ces crédits seront enregistrés selon les normes de la Climate Action Reserve de la Californie, parmi les plus rigoureuses du marché volontaire nord-américain. M. Drouin se dit prêt à garantir un prix fixe pour ces crédits jusqu'en 2020. Il négocie avec des acheteurs potentiels. En attendant, il accumule les crédits dans son bas de laine... souhaitant que les prix montent sur ce marché.
"En Europe, le prix d'un crédit de carbone est de 14 euros (19,41 $CA) la tonne. Sur le marché volontaire nord-américain, il atteint 4 $ la tonne en moyenne", note M. Drouin. "À 4 $ la tonne, je préfère attendre..."
Un potentiel énorme au Québec
L'absence de lois et règlements liés au marché du carbone freine cependant Biothermica dans ses projets au Canada. M. Drouin envisage donc la mise en place de la Western Climate Initiative (WCI) avec optimisme. Ce regroupement de sept États américains et quatre provinces canadiennes vise à réduire les émissions industrielles de GES en s'appuyant sur un programme de plafonnement et d'échanges de droits d'émission. Les échanges devraient commencer en 2012.
"Si cela fonctionne, le marché qui se créera au Québec et dans les trois autres provinces participantes (Ontario, Colombie-Britannique, Manitoba) sera immense ! Évidemment, on est prêt. On fera trois fois plus de projets de charbon aux États-Unis, parce qu'on aura un marché intéressant. Mais, pour l'instant, on est prudent", ajoute le président. La WCI sera un marché réglementé et on ne sait pas encore si elle acceptera les crédits enregistrés selon la norme du Climate Action Reserve.
Biothermica flaire présentement des projets en Chine, en Russie, en Ukraine, au Mexique et au Kazakhstan. "Pourquoi la Chine ? Ce n'est pas compliqué : 40 % des mines de charbon sur la planète s'y trouvent."