Après avoir popularisé l'usage de l'hélicoptère en Inde, Bell Helicopter se tourne vers le secteur militaire pour assurer sa croissance. Le fabricant québécois mettra en oeuvre une stratégie d'investissements en fonction des débouchés et de la souplesse de la réglementation indienne. Nous avons rencontré B. S. Singh Deo, directeur de Bell Helicopter India, dans son bureau à Delhi.
PLUS : Lire les autres articles portant sur l'Inde
Les Affaires - L'Inde représente-t-elle pour vous un marché important ?
B. S. Singh Deo - Depuis notre arrivée en 1995, notre part de marché a été multipliée par 10. Nous prévoyons une croissance annuelle de 15 % au cours des prochaines années. Des 260 hélicoptères enregistrés en Inde, 106 ont été fabriqués par Bell.
L.A. - Comptez-vous l'armée indienne parmi vos clients ?
B.S.S.D. - Nous sommes présents uniquement dans le secteur civil. Mais nous étudions les occasions dans le secteur militaire. Le secteur s'ouvre progressivement aux entreprises étrangères. Les forces armées indiennes souhaitent moderniser leur flotte d'hélicoptères.
L.A.- Serait-ce envisageable de produire certains de vos composants en Inde ?
B.S.S.D. - Oui, ce serait moins cher. Mais pour l'instant, la fabrication des hélicoptères se fait entièrement au Canada.
L.A. - S'agit-il d'un produit essentiellement destiné à l'élite indienne ?
B.S.S.D. - Pas uniquement. Par exemple, à Jammu dans les montagnes, il y a un temple très réputé. Pour s'y rendre, les pèlerins doivent marcher cinq heures et demie. En hélicoptère, le trajet prend cinq minutes. Pour les personnes à mobilité réduite, âgées ou malades, c'est très pratique. Toute la journée, un hélicoptère fait des allers-retours vers le temple, avec des pèlerins à bord.
L.A. - Quels types d'appareils vendez-vous ?
B.S.S.D. - Nous vendons quatre types d'hélicoptères. Le plus petit a six sièges et le plus grand en compte 13. Certains possèdent deux moteurs simples et les autres ont deux moteurs doubles. Les appareils sont vendus de deux à huit millions de dollars l'unité. Tous nos modèles sont populaires en Inde.
L.A. - Par quel intermédiaire vendez-vous vos appareils ?
B.S.S.D. - Partout, des agences s'occupent des ventes. Par contre, dans certains pays comme la Chine, Taiwan ou l'Inde, nous avons des bureaux de liaison pour nous aider à développer le marché. Certains clients sont plus à l'aise en rencontrant personnellement les gens de Bell; cela augmente leur niveau de confiance.
L.A. - Quels sont les défis auxquels vous devez faire face en Inde ?
B.S.S.D. - Les procédures bureaucratiques pour les permis d'importation d'hélicoptères sont fastidieuses. Mais la situation s'améliore peu à peu. L'espace de stationnement représentait une difficulté jusqu'à récemment. Mais deux héliports sont en voie de construction à Delhi et trois autres le seront à Mumbai.
L.A. - Vous rentrez d'une mission commerciale au Bhoutan avec une délégation du gouvernement canadien. Qu'en retenez-vous ?
B.S.S.D. - Le Bhoutan est un des rares pays ne comptant aucun hélicoptère. Nous étions allés prospecter le pays une première fois il y a quelques années, mais les Bhoutanais en étaient encore à préciser leur approche globale face à l'implantation du décollage vertical.
Cette fois, voyager avec le gouvernement canadien nous a ouvert des portes au plus haut niveau. Le plus grand souci des autorités est le bruit. Bell Helicopter travaille à faire évoluer la technologie dans le domaine de la réduction du bruit et de la consommation de carburant. Nous voyons d'importantes occasions d'affaires dans ce pays.